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  • Extraits de "ABCMer" de Jean-François Marquet aux Éditions La Découvrance (NOUVEAUTÉ HIVER 2014-2015)

    ABCMer

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    Jean-François Marquet

     

    Illustré par 40 dessins de Sébastien Léger

     

    Un avant-goût des mots :

    À Dieu vat’, affaler, arriver

    biture, bord, branle-bas

    cambuse, cape, chiourme, cinglé, corbillard

    débâcle, déglinguer, démarrer, déraper,

    désemparé, draguer

    estime

    forban, fretin

    gabarit, gouverner, guindé

    Havre

    jauge

    larguer, lascar, ligne

    nausée, nef

    panne, parage, patachon

    quart

    ricochet

    strapontin

    tiens bon

     

    va-et-vient, vadrouille, vrac

     

    A DIEU VAT

    A, comme A dieu va ou mieux, A dieu vat’

     

    A dieu va ou A dieu vat’ est employé aujourd’hui, pour ceux qui l’emploient encore, comme une expression synonyme de à la grâce de dieu ou que dieu nous guide ou encore à dieu plaise.

    A savoir tout de même qu’on peut écrire A dieu va en trois mots mais également Adieu en un seul mot et plus loin Va ou Vat’ en prononçant bien le T dont on dit qu’il viendrait du breton mais qui plus sûrement vient d’une ancienne façon de conjuguer le verbe aller avec un T à la troisième personne du singulier. Il est vrai en outre, qu’en langage marin on prononce volontiers les T comme dans bout ou canot Bref, autrefois, cet Adieu vat’ était dit pour souhaiter une bonne navigation mais pas seulement.

    Car, comme disait Maxime Du Camp, l’ami de Flaubert, dans les mémoires d’un suicidé : «Quand la dernière montagne eut disparue sous les nuages, un sanglot monta jusqu’à mes lèvres et je poussai le cri des matelots en péril : A dieu va »

     

     

    Explication de texte : en fait, dans l’ancienne marine à voile, Adieu vat' était un commandement donné à l’équipage pour virer de bord par vent debout (de face).

    La manoeuvre était particulièrement délicate sur ce genre de bâtiment parce que pendant le virement de bord le bateau n’est pas franchement manoeuvrant. Et s’il ne parvient pas à passer le lit du vent, sa vitesse tombe et il peut dériver vers des rochers ou vers un autre bateau de la flotte. C’est l’équivalant de Envoyez! Dans le commandement actuel qui dit d’abord Paré à virer! Envoyez! Le risque que comportait cette manoeuvre jadis nécessitait donc qu’on s’en remettre à Dieu.

     

    AFFALER

    A, comme Affaler,

     

    Aujourd’hui dans le langage commun on utilise volontiers le verbe affaler sous la forme s’affaler… « J’étais tellement épuisé que je me suis affalé sur le canapé en regardant TF1».

    On l’utilise donc pour dire qu’on se laisse tomber lourdement, qu’on se vautre, qu’on s’écroule, soit par fatigue soit parce que quelqu’un, quelque chose ou la télévision nous a fait tomber physiquement ou d’ennui.

    Eh bien, ce n’est pas tout à fait ça ou plutôt ce n’est pas que ça. L’auteur à succès, Stephen King, qui a sans doute le pied marin, écrivait dans La ligne verte : « On peut affronter la bise mais mieux vaut s’affaler dans la tempête ». Il ne croit pas si bien dire.

     

    Mais remontons un peu le temps. En fait, affaler vient d’un mot néerlandais qui signifiait «faire descendre ou laisser descendre ». En terme marin on ne s’affale donc pas mais on affale des objets, un colis, ou un homme le long du mât au bout d’une corde ou encore un filet. On affale même la morue dans la cale, d’ailleurs le matelot chargé de cette manoeuvre est appelé l’affaleur. 

     

    On peut aussi affaler en grand ou affaler en bande, c'est-à-dire laisser tomber le plus vite possible, c’est comme ça qu’on affale une voile par exemple. Comme quoi on peut aussi bien affaler une morue qu’un phoque. Autrefois, on utilisait aussi ce verbe pour dire que le bateau était poussé par le vent vers la côte. En somme, on affale sous les rafales.

    D’ailleurs, s’affaler quand on parle du bateau lui-même c’est, ni plus ni moins, qu’il s’est échoué et pas forcément sur un canapé.

     

    FRETIN

    F, comme fretin

     

    Fretin est à l’origine un diminutif. Le diminutif d’un mot de l’ancien français fret qui

    voulait dire débris et fret n’était autre que le participe passé du verbe freindre qui, lui,

    voulait dire briser qui vient lui-même du latin frangere qui en français actuel a donné

    enfreindre ou encore fraction. Là, il faut se souvenir de ses versions latines.

     

    Dans ce sens de débris, de chose sans valeur, fretin a disparu excepté dans l’expression menu fretin. Le menu fretin qualifie des choses et surtout des personnes de peu d’importance. Ainsi, Marivaux, en parlant de ses proches pouvaient dire :

    « Pour ce qui est de mes parents, ce n’est pas du fretin non plus : on les appelle Monsieur et

    Madame », on sent bien que ce n’est pas rien.

     

    Bref, la police peut avoir arrêté le menu fretin sans avoir mis la main sur les caïds ou les cerveaux de l’affaire. Et ça n’est pas sans rapport avec le sens maritime du mot fretin, un mot qui n’est pas lié à la navigation ni à la construction navale mais bien à la pêche.

     

    Dès le début du XVIIème siècle le menu fretin s’emploie principalement par les morutiers pour désigner les prises de trop faible taille, donc de dernière qualité et pour tout dire : invendable. En somme à la fois petit et sans valeur.

     

    Aujourd’hui, les pêcheurs professionnels comme les pêcheurs du dimanche nomment menu fretin les poissons trop petits qu’ils remettent généralement à la mer quand ils ne sont pas morts étouffés au fond du filet sous le poids des poissons les plus gros.

    Enfin, dernière précision, le fretin n’est pas celui qui met son bateau en location,

    lui, c’est le fréteur du bateau, et celui-là n’est pas forcément menu.

     

    Capture d’écran 2014-11-18 à 23.59.45.pngPATACHON

    P, comme patachon

     

    Aujourd’hui, bien sûr, on connaît le mot patachon qu’on emploie plus guère que dans l’expression mener une vie de patachon et pour dire que quelqu’un mène une vie un peu instable voire franchement dissolue. Mais, sait-on encore que le nom de patachon était celui qu’on donnait au cocher qui conduisait la diligence qu’on nommait une patache. Une diligence à deux roues assez inconfortable mais qui permettait de voyager à peu de frais. Et le fameux cocher qui en tenait les rênes était réputé pour s’arrêter régulièrement dans des auberges où il ne buvait pas que de l’eau.

     

    Mais, me direz-vous, quel rapport avec la mer ? En fait, cette patache terrestre a un ancêtre marin, un bateau particulier. Son nom viendrait de l’espagnol pataje qui désignait un petit bateau de guerre.

     

    La patache était donc au XVIIIème siècle un petit bateau qui naviguait au service de plus grands navires entrant dans les ports pour y percevoir le droit d’ancrage ou bien la gabelle. C’est donc logiquement que cette embarcation est devenue la barque officielle du service des douanes qu’on a appelé patachon celui qui pilotait cette barque. En argot marin, le patachon a désigné tous les douaniers. Un surnom pas vraiment plus sympathique que son concurrent le gabelou.

     

     

    Capture d’écran 2014-11-18 à 23.57.15.png

    QUART

    Q, comme quart

     

    Le quart vient du latin quartus qui veut dire quatrième, et logiquement il divise tout en quatre, il peut même couper les cheveux, en quatre. « Le quart de rouge, la boisson du garde rouge », eh bien ce quart de rouge, que chante Nino Ferrer n’est autre que le quart d’un litre de vin rouge ; Mais je vous vois d’ici partir au quart de tour et vous

    demander ce que le quart a à voir avec le langage marin.

     

    En fait, le quart est la période, autrefois de 6 heures soit un quart de journée, puis de 4 heures, période donc pendant laquelle plusieurs membres de l’équipage

    accompagnés d’au moins un officier sont de veille pour assurer la sécurité du bateau, la navigation, les manoeuvres et la surveillance des éventuels navires

    ennemis. Ces membres d’équipages sont appelés les hommes de quart.

     

    Il y a donc les quarts de jour et les quarts de nuit. Ces derniers n’étaient pas franchement les préférés des matelots c’est pourquoi ils ont appelé le quart qui va de minuit à quatre heures : le quart du cimetière et celui qui va de quatre à huit heures : le quart du bouledogue.

    Toujours en terme marin, le quart désignait également la ration d’un quart de litre attribué au matelot. Par extension il a signifié le gobelet en fer blanc qui fait cette contenance et qu’on utilise toujours même à terre.

     

    A savoir enfin que dans l’argot des prostitués faire le quart c’est faire le trottoir.

     

  • Georges Saulterre, curateur du sculpteur chinois Yiming MIN

    Biographie de Georges Saulterre (site officiel http://www.saulterre.com)

    Des Flèches des Cathédrales sur l’autoroute A10 parue dans le Guinness des Records 1998, à Ange et Tortue Glorieuse, première sculpture monumentale installée au Jing’an Park de Shanghai,  et tout dernièrement la Chimère exposée  Au musée d’art contemporain de Qingdao (Chine), Saulterre n’a de cesse de nous offrir une palette d’œuvres symboliques, sensuelles, un musée de l’Imaginaire comme on aime.

    Plus de 155 000 000 d’automobilistes en France croisent annuellement ses sculptures monumentales ; le Héron cendré, A l’aube des temps, le Signal des Alpes, Sur la trace des vikings, l’Aérotrain, le mémorial de la Paix d’Alizay (France),  le coq géant au milieu du vignoble bordelais Château la France, c’est lui... Sa poésie et sa démesure esthétisante touchent tous ceux qui savent encore rêver..

    Homme du bonheur, homme de bonheur, il est de notre temps et témoigne de tout, voit tout, sent tout : le bonheur certes mais aussi le drame, le silence et le vacarme, la paix et la guerre, le passé et le présent.

    Saulterre en parle, nous en parle. Véritable magicien, il transcende les idées, transpose les concepts, recrée les formes, maîtrise la matière au gré de son inspiration et de ce qu’il entend exprimer. Il façonne, domine, soumet les matériaux, utilise le grès comme le plâtre, le verre comme le métal, l’aspérité comme la forme pleine, le figuratif comme l’abstrait. Il se sert de tout, et tout lui sert !

    La verticalité n’est pas faite que de rondeur : il prend, domine, habite l’espace, apprivoise le vide, conjugue de façon surprenante puissance et légèreté et dresse partout, dans les parcs et sur les routes, en France comme à l’étranger,  ses sculptures monumentales où l’inox se joue des volumes et de la pesanteur, où le mouvement s’exprime dans une dimension colossale qui métamorphose la lumière au gré des heures qui passent.

    Flèches qui s’élancent, volutes de métal qui enlacent l’espace, ailes ou pyramides , miniatures qui caressent le vide avant l’envol, il les fait habiter des lieux contemporains et les apprivoise à la mesure d’aujourd’hui.

  • L'écrivain Stéphanie Hochet touchée au coeur par la pièce "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (13 novembre 2014)

    hochet deux.pngElles sont trois. Trois Camille Claudel représentant la sculptrice à trois moments de sa vie, d’abord jeune femme, débutant ses cours avec Rodin, puis femme plus mûre, au moment où elle quitte le grand homme et la Camille âgée qui voit venir la mort. Trois comédiennes exceptionnelles se glissent dans la peau de l’artiste et prêtent leur voix au texte de Sophie Jabès : Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik. C’est la plus ancienne qui prend la parole. Enfermée dans un asile par sa famille, Camille attend la visite de son frère Paul, le grand poète qui a, lui, le droit d’être fou. Toute une vie derrière elle de tourments, de tensions, de combats, et rien pour apaiser sa paranoïa. La plus jeune Camille est une femme pleine d’ambition, elle veut être une immense artiste reconnue et adulée, elle veut aussi l’amour de Rodin dont elle pressent l’attirance. Discours sur les attentes de la vie, la fureur des grandes espérances d’une artiste pleine d’idées et de désirs. La Camille du milieu de vie, elle, s’agite, elle doit fuir, détruire ses œuvres et sauver sa peau ou se perdre.

     

    hochet jabes.pngSophie Jabès créé une véritable confrontation entre « ces personnages » qui finissent par s’interpeller, se regarder comme à travers une vitre. Les conseils de la plus ancienne à la plus jeune ne serviront à rien, on ne renverse pas le cours du temps… Le texte de Sophie Jabès, tout en densité, touche au cœur.

    S.H.

     

    Du 1er octobre au 22 novembre
    Du mardi au samedi à 18
    h30

    Au théâtre Le Lucernaire
    Texte de Sophie Jabès
    Adaptation scénique et Mise en scène : Marie Montegani
    Avec : Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, et Geneviève Dang
    Texte publié chez Lansman.

    http://www.lucernaire.fr/beta1/index.php?option=com_content&task=view&id=1721&Itemid=44