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  • Dans le Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui rejoint Philippe Collonge avec les survivants de "La Méduse" (4 décembre 2014)

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    Le Figaro littéraire du 4 décembre 2014

     

    Mémoires

    Capture d’écran 2015-01-21 à 17.46.40.pngAVT_Mohammed-Aissaoui_9737.jpegLe témoignage d'un capitaine rescapé d'un des plus célèbres naufrages.

    Un rescapé de "La Méduse" De Daniel Dupont - texte présenté par Philippe Collonge, Éditions La Découvrance, 162 p., 17 €

    Capture d’écran 2015-01-21 à 17.46.03.pngAvant ou après le fameux tableau de Géricault, des témoignages sur ce qui s'est passé lors du naufrage de La Méduse, il y en eût quelques uns, mais l'histoire de l'édition connaît parfois des miracles. Voici la publication des Mémoires du capitaine Dupont, qui n'avaient fait l'objet que d'une diffusion restreinte en 1903. Le capitaine Daniel Gervais Dupont a de nombreux états de service, mais on notera surtout que le 2 mai 1816, rentré en France, il est rappelé pour servir dans le bataillon de fusiliers du Sénégal et embarqué sur la frégate La Méduse.

    Ensuite ?

    Après l'échouement de la frégate, le 2 juillet 1816, il fait partie des naufragés qui dérivent pendant douze jours sur un radeau de fortune au large de la Mauritanie. Le 17 juillet, il est recueilli avec quatorze survivants, sur cent cinquante. Il est enterré à Maintenon, dans l'Eure-et-Loir. Ce qu'il raconte dans ses Mémoires est donc un témoignage de première main. On doit ce miracle à Philippe Collonge, bibliophile qui a consacré sa retraite aux livres anciens et aux recherches historiques. Il se trouve qu'il habite à Maintenon et qu'il a été, comme indiqué sur sa notice, "amené à croiser les traces du Capitaine Dupont, un des survivants du radeau de La Méduse, dont il a retrouvé et commenté les Mémoires".

    Dans les coulisses d'un fait divers

    Dans ces Mémoires, les pages concernant le naufrage ne sont pas les plus nombreuses : quarante, tout de même, après une longue première partie sur sa trajectoire qui démarre par la Guerre en Vendée, en 1792. Cet homme robuste, mort à 75 ans, ce qui est très âgé pour l'époque, chanceux, décrit le drame qui lui arrive avec sécheresse - à la manière d'un militaire. "De l'organisation désastreuse du renflouement de la frégate" aux "journées tragiques se succèdent : faim, soif, délires et actes de désespoir", en passant par "les premières nuits d'horreur sur le radeau et les naufragés abandonnés à leur sort", on se retrouve "embarqué" dans les coulisses de l'un des plus grands faits divers. Cette sécheresse de ton ne fait qu'accentuer l'impression d'horreur. Dans une barque à la dérive, des survivants, au bord de l'épuisement, tentent de profiter de la situation pour voler quelques pièces à d'autres.

    Capture d’écran 2015-01-21 à 17.51.22.png

  • Paul Barthélémy recommande la lecture de la pièce de Sophie Jabès dans Vox Patrimonia n°14 de décembre 2014

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    http://voxpatrimonia.org

    Camille Claudel vivante

    Un livre et une pièce de théâtre redonnent vie à Camille Claudel, artiste maudite morte dans l'oubli, mais qui, depuis une trentaine d'années, ne cesse de fasciner.

     

    Morte dans l’oubli après trente ans d’internement en asile psychiatrique, il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour que Camille Claudel revienne dans la galerie des artistes majeurs du XIXe siècle. L’acharnement de Reine-Marie Paris, sa petite nièce (petite-fille de Paul Claudel), qui a consacré toute son énergie à faire connaître la vie et l’oeuvre de sa grande tante, n’y est pas pour rien. C’est d’un de ses livres qu’a été tiré le film de Bruno Nuytten (Camille Claudel, avec Isabelle Adjani, 1988) qui imposa le personnage auprès du grand public. Quant au marché de l’art, il suit la voie. Le 26 octobre, lors d’une vente aux enchères d’art moderne chez Cornette de Saint Cyr, un marbre daté de 1898-1900, L’Aurore, a été acquis pour la somme de 2,46 millions d’euros. Un record sur le marché français et le deuxième prix sur la scène mondiale pour une oeuvre de Camille Claudel, après le bronze La Valse déjà cité adjugé 6,49millions d’euros chez Sotheby’s Londres en 2013.

     

    lémy.pngSi l’artiste fascine, la femme et son destin tragique ne laissent pas indifférent. Fascinée très tôt par la sculpture, bravant l’opposition de sa mère, Camille Claudel étudia avec Alfred Boucher (1850-1934), puis avec Auguste Rodin qu’elle rencontra en 1882. Ébloui par son génie, Rodin reconnaîtra avoir été influencé par son "élève" . avec qui il créera de nombreuses sculptures, dont Le Baiser. Mais Camille Claudel veut voler de ses propres ailes. Elle quitte Rodin et entame une longue déchéance d’artiste maudit. Le choc de la mort de son père en 1913, qui s’ajoute à la malnutrition et à un alcoolisme chronique, la fait sombrer dans la démence paranoïaque. Elle est internée le 10 mars à l’asile de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis) puis à l’asile d’aliénés de Montdevergues à Montfavet (Vaucluse) où elle finira ses jours en 1943, vraisemblablement morte de faim. Inhumée en présence du seul personnel de l’hôpital, ses restes seront transférés dans le "carré des fous" d’une fosse commune.

     

    150 ans après sa naissance, c’est ce destin tragique que met en scène Sophie Jabès dans sa pièce Camille, Camille, Camille, qui s’est jouée en octobre et novembre derniers au théâtre du Lucernaire à Paris et qui sera produite au théâtre 95 de Cergy-Pontoise et au théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison en décembre. C’est un cri en trois temps que poussent trois comédiennes incarnant Camille Claudel à trois époques de sa vie: au seuil de la mort ; quelques jours avant son internement; et à 20 ans, alors qu’élève de Rodin, tout semble lui sourire…

     

    Paul Barthélémy

     

    À lire : Sophie Jabès, Camille, Camille, Camille, Lansman éditeur, 52 p., 10 €.

     

    Sur les prix fous des sculptures de Camille Claudel, un autre article de Valérie Sasportas dans le Figaro le 28 octobre 2014 ici 

    Un marbre de l'égérie de Rodin, L'Aurore, daté de 1898-1900, a été acquis pour 2,46 millions d'euros chez Cornette de Saint Cyr, lundi 26 octobre. La sculptrice bat son record sur le marché français.

    Son estimation n'était pas mentionnée au catalogue mais donnée sur demande: 1,8 à 2 millions d'euros pour le marbre de Camille Claudel (1864-1943), L'Aurore, daté de 1898-1900. Et c'était déjà une estimation haute, de l'avis de connaisseurs. Or la sculpture de l'égérie de Rodin a dépassé les espérances: 2,1 millions prix marteau, 2,46 millions avec les frais, lundi 26 octobre, lors de la vente d'art moderne de Cornette de Saint Cyr dans ses nouveaux locaux à peine inaugurés du 6 avenue Hoche, à Paris.

    Un record d'enchères pour la sculptrice sur le marché français et le deuxième plus haut prix sur la scène mondiale, après le bronze La Valse, de 1864 , première version, adjugé 5,12 millions de livres (6,49 millions d'euros) en 2013 chez Sotheby's, à Londres.

    Camille Claudel, <i>L'Aurore</i>, 1898-1900.

     

    «C'était très émouvant lundi soir, se remémore Arnaud Cornette de Saint-Cyr, qui tenait pour cette vente inaugurale le marteau qui lui fut offert à ses débuts par Alain Delon, ami intime de son père, le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr. «Ce marbre a été réalisé juste avant que Camille Claudel ne soit enfermée en hôpital psychiatrique en 1913. Et c'est une œuvre d'une force extraordinaire, révélateur des années 1893-1905, quand Camille Claudel se libérait enfin à la fois des tensions dramatiques et réalistes de ses formes, et de l'influence d'Auguste Rodin».

    Ce marbre d'une qualité extraordinaire  est inédit sur le marché de l'art. Camille Claudel avait donné L'Aurore à sa sœur Louise, épouse de Ferdinand de Massary, puis la sculpture fut conservée durant plus d'un siècle dans la famille jusqu'à ce qu'elle rejoigne une collection particulière. Elle a fait le tour du monde des expositions rendant hommage à l'artiste.

    «Nous la connaissions. Mais c'est son propriétaire qui nous a contactés pour la vendre aux enchères», affirme Arnaud Cornette de Saint-Cyr. Pas peu fier: sa maison française a été préférée à une anglo-saxonne qui l'aurait vendue à New York. «Cela a été un rêve. Au même titre que L'Age mûr, et plus “populaire” que mythologique, L'Aurore marque l'achèvement d'un idéal et l'inscription du génie de Camille Claudel au sein de l'histoire de la sculpture occidentale de la fin du XIXe siècle et du début XXe», conclut le commissaire-priseur, qui tient encore le marteau ce mardi soir (19h) et demain, pour la suite des ventes inaugurales, cette fois en art contemporain.