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Extraits de "Clown blanc, nez rouge" d'Olivier Javal

clown.jpgDans son roman, Olivier Javal raconte la vie  d’un bipolaire de 1968 à nos jours

 

« À peine avais-je terminé de domestiquer mes maux que je devais m’occuper de mon fils, touché sévèrement à tout juste vingt ans. Non ! Ce n’était pas à mon fils de pousser à nouveau le rocher. C’était à moi ! Mon fils était trop jeune, trop fragile, il n’était pas préparé, il allait se faire écraser! Je portais la souffrance de mon fils plus durement que j’avais porté ma propre souffrance. Au poids du boulet s’ajoutait le poids de la transmission. Je me devais de le guérir, c’était plus qu’un devoir de père, plus qu’une impérieuse nécessité humaine, c’était le sens même de mon existence qui était en jeu.»

« J’étais devenu un autre homme, avec une autre vie. Mon futur avait changé de perspective. Je n’étais plus celui que j’avais connu, l’entreprenant débordant d’enthousiasme, respirant la joie de vivre, je devenais potentiellement un légume se traînant d’hôpital en hôpital. »

« Je m’interrogeais, parce que je ne me reconnaissais plus tout à fait. J’étais tout à coup un autre qui s’était emparé de moi. Je ne m’habituais pas à l’idée d’être malade à vie, surtout d’une maladie psychiatrique. »

« Ma seule folie était d’être sûr que je vaincrai la folie, dût-elle être enracinée en moi, dans toutes les cellules de mon être, par un gène maudit. Ma maladie, devait se préparer de mauvais jours, car j’arrivais avec ma lance, sur ma mule caparaçonnée. »

« Je devais intégrer cette maladie psychiatrique et l’assimiler, c'est-à-dire la faire mienne pour la dompter, l’asservir, sans qu’elle disparaisse, sans que personne ne s’en aperçoive, et que moi-même je l’oublie. »

« Tout m’était facile. Il n’y avait plus de barrière. Je portais dans mon regard le pouvoir dont je me sentais imparti, et cela fascinait ceux qui le détectaient. J’étais devenu instantanément un héros, un peu surnaturel, comme tous les héros, mais tellement attachant. »

« Attention, le début de la phase d’excitation est trompeur. Je deviens progressivement plus intelligent, plus créateur, plus beau, plus puissant. Je pourrais trouver cela agréable, tu pourrais trouver cela génial ».

« C’est vrai, je suis revenu de tout. J’ai appris à m’assumer tel que j’étais, c’est sans doute ce qui me sauve. Je m’en tiens à une seule idée : accepter de regarder la vérité. Ca n’a pas été facile. J’avais démarré dans le déni. Depuis que je n’ai plus envie de me cacher, je m’estime guéri, même s’il y a encore quelques crises. »

« Car, sans qu’il y ait des preuves formelles, je savais que les prédispositions héréditaires du trouble bipolaire étaient mises en avant de nombreuses études. Le psychiatre n’avait sans doute jamais réfléchi au poids de la stigmatisation»

« La crise venait libérer mes pulsions fantasmatiques avec une grande violence. Cela ressemblait à des laves projetées sans préavis depuis les entrailles de la terre »

 

 

 

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