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Christopher Gérard, chroniqueur au Salon littéraire, a été convaincu par le talent d'écrivain de Claude Delay (article sur "Marilyn Monroe, la cicatrice" du 24 juin 2014)

Marilyn Monroe, la cicatrice par Christopher Gérard

il y a 7 jours Suivre · Utile · Commenter

Un aveu m’est-il permis ? Quand, l’autre dimanche à la terrasse des Deux Magots, la sémillante Guilaine Depis, l’attachée de presse de Claude Delay, m’a fait l’éloge de Marilyn Monroe, la cicatrice (Fayard), je n’ai pu m’empêcher d’éprouver un doute, tempéré par le Pouilly fumé. Encore une bio de star foudroyée…

 

10469689_10152272067718995_5215352035753663465_n.jpgJ’avais tort, de n’avoir jamais ouvert le Chanel de Claude Delay (Paul Morand laisse des traces) ni son Tsvetaeva, et de juger sans pièces, car le livre propose une vision originale du destin de la si pathétique Norma Jeane Mortensen, née de père inconnu et d’une mère qui ne la désirait pas, morte dans des conditions plus que suspectes – où le rôle des Kennedy …

 

10450585_10152272068418995_5148433320739614457_n.jpgcouvdelay.jpgBien au-delà des péripéties de cette existence fracassée, bien au-delà de la description sans fards d’Hollywood et de ses immenses créateurs, de Cukor à Huston, comme de ses créatures, du trouble Sinatra à Yves Montand,  l’essai de Claude Delay retrace un moment de l’histoire des Etats-Unis, et donc du monde occidental, qu’ils ont façonné pour le meilleur et surtout pour le pire. Mais l’auteur va plus loin pour atteindre un niveau quasi philosophique, car, loin de se contenter d’une biographie journalistique à l’américaine, Claude Delay, en lettrée sensible et par le biais d’une analyse pleine d’empathie, décrit par le menu la création d’un mythe moderne. Sous sa plume raffinée, la vie de cette pauvre Marilyn se révèle pour ce qu’elle est en réalité : une épopée œdipienne, et donc une autodestruction annoncée par les rapides destins.

 

Voilà pourquoi l’histoire de cette pauvre fille perdue qui aimait Rilke et le Dom Pérignon m’a intéressé malgré mon peu de goût pour ce monde frelaté : il s’agit d’une tragédie contemporaine, celle des cicatrices de l’enfance, du vide intérieur et des amours inabouties. Arthur Miller voyait juste quand il évoquait sa jeune épouse : « une rescapée qui marche sur du verre pilé depuis qu’elle a appris à marcher ». Une rescapée qui titube jusqu’au gouffre qui l’attend de toute éternité.

 

Christopher Gérard

 

Claude Delay, Marilyn Monroe, la cicatrice, Fayard, 332 p. , 21€

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