Patrick Poivre d'Arvor a déjà lu les "Nouvelles bartlebyennes" d'Emmanuel Steiner (4 octobre 2013, revue L'Hémicycle)
Pour en savoir davantage sur le livre que Patrick Poivre d'Arvor a aimé, rendez-vous mercredi 16 octobre de 18h30 à 20h30 à la grande soirée de lancement des Éditions des Chroniques du çà et là.
(site http://www.lhemicycle.com/)
Nouvelles bartlebyennes, d’Emmanuel Steiner (Éditions des Chroniques du ça et là)
Il y a tout juste 160 ans paraissait dans un magazine américain une étrange nouvelle venue d’ailleurs : Bartleby, signée du futur auteur de Moby Dick, Herman Melville. Il y racontait l’histoire d’une sorte de clerc de notaire, un scribe plus précisément, qui recopiait des textes selon son bon vouloir. Car il lui arrivait de refuser certains travaux et, dans ces cas-là, il contournait le problème en disant de manière obsessionnelle : « I would prefer not to ». Ce « Je préférerais ne pas », si délicieusement british, est devenu le symbole de la stratégie de fuite théorisée par certains penseurs modernes. Et Bartleby a durablement influencé les écrivains de l’absurde. De Enrique Vila-Matas à Philippe Delerm en passant par Daniel Pennac, nombreux sont les auteurs à se référer à lui.
C’est encore le cas d’Emmanuel Steiner, très marqué par ailleurs par les haïkus et la culture japonaise. Pour son premier recueil, publié dans une toute nouvelle maison d’édition au nom très melvillien (Chroniques du ça et là), il nous décline une série de nouvelles où l’individu se retrouve nié, ou effacé, par la société. Comme Georges Perec l’avait naguère tenté avec une expérimentation typographique originale, Emmanuel Steiner a choisi de supprimer de son écriture les majuscules en début de paragraphe et les points à la fin. Ce n’est pas gênant pour le confort de lecture… On peut même juger que cela rend la nouvelle plus fluide. En revanche le titre de son recueil, trop plat, ne reflète pas assez la qualité de l’ensemble.