INSOLITE ET ÉRUDIT : ABCMer de Jean-François Marquet aux Éditions La Découvrance (HIVER 2014-2015)
Jean-François Marquet
Parution novembre 2014
Attachée de presse : Guilaine Depis
T 06 84 36 31 85 -
Courriel : guilaine_depis@yahoo.com
Collection :
Format : 12 x 18
Nombre de pages : 110
Illustrations : 40 dessins au trait, N&B
Prix TTC : 12 euros
ISBN 13 : 978-2-84265-810-6
Thème CLIL : 3643
Rayon librairie : Littérature de voyage, la Mer
Court texte qui contient une quinzaine de mots venus de la mer (en italique). :
"En arrivant de ma dernière vadrouille, j'étais complètement déglingué après cette biture prise avec quelques lascars. Un peu désemparé, je me suis dirigé, à l'estime et parfois en dérapant, jusqu'à ma cambuse. Là, je me suis affalé sur un strapontin avec un quart d'eau plate pour garder la ligne. À vrai dire, j'étais au bord de la nausée.
Il faut vraiment que j'arrête cette vie de patachon." Jean-François Marquet, ABCMer.
Le livre :
Jean-François Marquet propose de redécouvrir des mots – une quarantaine – issus du monde maritime et passés dans le langage courant, dont l’origine a été oubliée. Tout d’abord situé dans le contexte usuel actuel, le mot à l’aide d’une citation, d’un exemple historique est ensuite expliqué dans son contexte d’origine. Chaque mot est accompagné par un dessin de Sébastien Léger.
Un avant-goût des mots :
À Dieu vat’, affaler, arriver
biture, bord, branle-bas
cambuse, cape, chiourme, cinglé, corbillard
débâcle, déglinguer, démarrer, déraper,
désemparé, draguer
estime
forban, fretin
gabarit, gouverner, guindé
Havre
jauge
larguer, lascar, ligne
nausée, nef
panne, parage, patachon
quart
ricochet
strapontin
tiens bon
va-et-vient, vadrouille, vrac
Jean-François Marquet est originaire de Nantes. Diplômé de Lettres modernes et de psychologie, il devient début 90 auteur et réalisateur de séries documentaires pour France Culture, les Ateliers de création de Radio France (diffusion sur le réseau des chaînes francophones : RSR, RTBF, Radio Canada) ; puis de 1993 à 2006, auteur de fictions radiophoniques pour France Inter. En 2004, il devient producteur délégué à France Culture pour les émissions Le Vif du Sujet, puis Sur les Docks. Depuis 2000, il est aussi réalisateur de films institutionnels et pédagogiques et participe à la fondation et collabore jusqu’en 2008 à l’aventure de Télé Nantes.
Livre édité :
Souverains poncifs, éditions Coiffard, 2013.
L’illustrateur :
Sébastien Léger, après des études de graphisme et d’animation à Bordeaux, travaille sur des épisodes de dessin animé pour un premier studio d’animation parisien et ensuite de nouveaux studios à Angoulême et toujours sur des dessins animés. En parallèle, il dessine pour des livres illustrés, etc.
Quelques mots
A, comme Arriver,
Aujourd’hui on arrive un peu partout et un peu n’importe comment. On arrive à ses fins, d’ailleurs comme le disait Charles de Gaulle avec malice : « il n’y a que les arrivistes pour arriver », on arrive également par le train, la tortue arrive avant le lièvre, parfois même on n’arrive pas à dormir. Et, on le sait trop bien, un quart d’heure de gloire peut arriver à n’importe qui.
Mais, quoiqu’il arrive toutes ces choses peuvent nous arriver sans avoir à quitter la terre ferme et, si l’on en croit le sens maritime d’arriver, c’est peut-être une erreur. Car, tout comme on alunit sur la lune et qu’on atterrit sur la terre, on arrive logiquement sur une rive. Quoique, curieusement, quand le bateau arrive à bon port, lui, atteint des quais mais pas une rive à proprement parlé, sans doute une des nombreuses subtilités trompeuses du français.
Arriver est, en somme, un synonyme d’accoster ou d’aborder. Du reste, jadis, l’arrivage était un droit de débarquement des marchandises dans un port.
Mais, pour la marine à voile, arriver a un autre sens encore. On peut par exemple arriver tout plat c’est-à-dire manoeuvrer pour augmenter l’effet du vent dans les voiles en éloignant le cap du bateau de la direction du vent, on dit alors laisser porter et lorsque le même effet est involontaire, à cause d’une forte rafale par exemple on dit abattre.
L’embarcation fait donc une arrivée ou une abattée…
Et, si on revient sur la terre ferme, le mot rival à la même racine qu’arriver, il vient aussi de la rive. En latin les rivaux étaient des propriétaires qui voyaient passer sur leurs terres, la même rivière. Une chose qui n’est pas sans créer certaines rivalités pour la jouissance de l’eau. Tout arrive.
C, comme chiourme ou G comme garde-chiourme.
Chiourme et garde-chiourme, deux mots qui fleurent bon l’ancien argot façon Michel Audiard. Et effectivement, la chiourme que nous connaissons aujourd’hui nous vient bien de l’argot des bagnards qui employait la chiourme pour désigner le bagne, les travaux forcés, la réclusion puis par extension la population pénitentiaire et la communauté des bagnards.
Donc on s’en serait douté, les gardes-chiourme n’étaient autres que les gardiens du bagne.
Aujourd’hui, c’est un synonyme de gardien de prison ou plus précisément de maton puisqu’on lui soupçonne pas mal d’arbitraire, voire de brutalité en tout cas d’une délicatesse très discrète. C’est sans doute pour cela qu’il désigne aujourd’hui n’importe quel petit chef abusif dans n’importe quelle structure. Et c’est sans doute aussi ce qui a fait dire à Georges Duhamel dans Biographie de mes fantômes, je cite : la moitié du monde bientôt jouera pour l’autre le rôle de garde chiourme. Et pourtant, l’origine de chiourme et de garde-chiourme n’est pas tout à fait celle-ci.
En fait, la chiourme a bien à voir avec les prisonniers puisque le mot vient de l’italien et voulait dire équipage de galère, un mot qui, si on remonte plus loin, signifiait chant de rameurs. La chiourme était donc l’ensemble des forçats liés à leur banc qui ramaient sur les galères, surveillés par les gardes-chiourme, dont on se demande toujours bien ce qu’ils étaient venu faire dans cette galère.