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  • Extrait de la deuxième partie des Mémoires du capitaine Dupont

    Seconde partie (1816 – 1818) des Mémoires du Capitaine Dupont

    Voyage en Afrique par terre et par mer en 1816

     

    I

     

    La Méduse fait voile pour le Sénégal : la frégate isolée s’échoue sur le banc d’Arguin

    (2 juillet 1816)

     

    Embarquement et départ de l’île d’Aix. – Première semaine de mer. – Escale à Ténérife. – Passage du tropique du Cancer. – La Méduse s’isole et navigue trop près des côtes. – Échouement sur le banc d’Arguin.

     

    Le 7 de juin nous nous sommes embarqués à bord de la frégate La Méduse, commandée par Monsieur Roi de Chaumaraix, mouillée dans la rade de l’île d’Aix. J’avais ce jour-là un grand mal de dent. Aucun des passagers n’était encore embarqué. Ils arrivèrent successivement les jours suivants. Ce fut le 12 que M. Schmaltz, colonel et commandant pour le Roi au Sénégal, s’embarqua avec sa famille.

     

    Le 17, sur les huit heures du matin, nous appareillâmes ; le vent, n’étant pas très bon, nous obligea de louvoyer pour sortir de la rade. Il y avait en compagnie avec nous, la corvette L’Écho (M. Cornet de Venancourt), le brick L’Argus (capitaine de Parnajon), et la gabare La Loire (M. Gicquel-Destouches). Sur les quatre heures de l’après-midi, on aperçut un signal que La Loire faisait et qui demandait à mouiller : la marée montait alors, et elle dérivait. On lui signala de mouiller, ce qu’elle fit et nous aussi. Nous mouillâmes dans la baie des Basques jusqu’à huit heures du soir que nous appareillâmes de nouveau : la marée descendait et nous favorisait pour sortir. La brise n’était pas très forte, nous passâmes une nuit assez agréable.

     

    Le lendemain 18, nous n’apercevions plus la terre. Les vents étaient au nord-est et nous avions vent arrière. Ce même jour on voyait la plus grande partie des passagers qui ne savaient où se fourrer pour rendre leur déjeuner et leur dîner ; les figures étaient décomposées et à chaque instant ces Messieurs portaient ce qu’ils avaient mangé aux poissons qui, sans doute, s’en arrangeaient très bien. Moi qui était, comme beaucoup d’autres qui avaient déjà embarqué, spectateur de tout cela, nous nous amusions, car on ne plaint jamais ceux qui ont le mal de mer, quoiqu’ils souffrent beaucoup.

     

    Le 19, même temps, petite brise. Le 20, de même. Le 21 nous doublâmes le cap Finisterre avec un vent fort, mais très bon ; le 22, le vent devint plus fort, mais toujours bon. Nos passagers trouvaient que la mer était mauvaise, mais la vérité est qu’elle était très belle pour des marins. Sur les quatre heures de l’après-midi, la corvette L’Écho nous signala qu’elle avait perdu un homme qui était tombé à la mer. Elle mit de suite une chaloupe à l’eau, mais toutes ses recherches furent inutiles, l’homme avait disparu. Ce fâcheux accident nous occasionna deux heures de retard.

     

    Le 23, même continuation de temps et de route. Nous filions douze noeuds à la minute, ce qui faisait quatre lieues à l’heure. Sur les cinq heures de l’après-midi, on aperçut beaucoup de souffleurs et de marsouins qui venaient très près de la frégate. Au même moment, un mousse qui avait mis son linge sale à la traîne, en voulant le retirer, le linge l’emporta ; de suite un cri se fit entendre de la batterie : « Un homme à la mer ! ». On mit de suite en panne, c’est-à-dire qu’on masqua les voiles pour empêcher que la frégate ne marchât, mais cela demanda du temps. On mit une chaloupe à l’eau, on jeta de suite la bouée de sauvetage, le malheureux la manqua. La chaloupe fit des recherches mais ne trouva personne ; elle revint après trois heures de recherches. La mer était très grosse pour une petite embarcation et les

    matelots qui étaient dedans eurent mille peines à rattraper le bâtiment.

     

    Le 24, nous perdîmes de vue la gabare La Loire et le brick L’Argus, qui, n’étant pas aussi bons voiliers que La Méduse et L’Écho, restèrent en arrière. Nous filions ce jour-là treize noeuds.

     

    Le 25 nous louvoyâmes dans la nuit pour reconnaître l’île de Madère, par la latitude de laquelle nous étions, et le 26, à la pointe du jour, nous aperçûmes la terre, ainsi que les îles de Porto-Santo et les îles Désertes – ainsi nommées parce qu’elles ne sont point habitées. Lorsque nous fûmes vis-à-vis le port de Madère, notre capitaine de frégate, qui nous avait toujours promis qu’il y toucherait et qu’il y enverrait une chaloupe, changea de suite de projet et fit courir au large ; nous n’y allâmes donc point, mais nous passâmes si près de terre que nous pouvions distinguer facilement le monde qui s’y promenait. L’île nous parut très bien habitée et très bien cultivée.

     

    Le 27, bon vent et rien de remarquable. Nous passâmes la nuit à louvoyer pour aller à Ténérife par la latitude de laquelle nous étions. Le 28 au matin nous entrâmes dans la rade ; on ne mouilla point, mais on envoya une chaloupe à terre ; plusieurs officiers de marine y furent, ils y restèrent presque toute la journée. La ville où ils débarquèrent se nomme Sainte-Croix. Nous restâmes à louvoyer et nous eûmes le temps d’examiner le pic qui est connu sous le nom de pic de Ténérife et que l’on voit de loin en mer. Il y avait encore de la neige dessus, ce spectacle est très beau aux yeux des voyageurs .../...

     

    II

    Organisation désastreuse du renflouement de La Méduse et du sauvetage de ses passagers (2 - 5 juillet)

     

    Vaines tentatives pour dégager la frégate. – Construction d’un radeau. – La situation s’aggrave :

    on prend des mesures arbitraires d’évacuation. – L’ordre est donné de quitter le navire à la hâte et

    dans la confusion.

     

    J’étais dans la batterie occupé à faire quelque chose, lorsque je vis notre capitaine de frégate sortir brusquement de sa chambre avec un air effaré, en disant : « Nous touchons ! ». Comme la frégate avait beaucoup d’air, elle donna successivement des secousses qui devinrent de plus en plus fortes. Ceux qui se trouvaient sur le pont lorsqu’elle toucha, me dirent qu’ils pensèrent tous tomber en arrière et que la mâture manqua de tomber aussi. Dans un premier moment, on dit que nous étions à marée basse, ce qui nous donna l’espoir de remettre la frégate à flot, à marée haute ; mais point du tout, nous étions à marée haute. Le mal était fait, on aurait pu le réparer en jetant nos canons, nos boulets, une partie de nos vivres, nos gueuses qui étaient dans la batterie et dans la sainte-barbe, à la mer ; la mâture peut-être aussi, afin d’alléger la frégate au moins de trois pieds ; mettre les chaloupes à la mer et porter des petites ancres au moins à cinq cents brasses par derrière la frégate, afin

    de nous retirer par où nous étions entrés.

     

    On mit bien les chaloupes à la mer, on porta une petite ancre à environ cinquante brasses, mais on ne jeta rien à la mer ; si bien que quand on vira au cabestan, la frégate ne remua point. On reporta une grosse ancre à environ quinze brasses, car on ne put aller plus loin, parce que cette ancre était mal placée sur le derrière de la grande chaloupe.

     

    Toutes les dispositions que prirent nos Messieurs les officiers de marine furent sans succès et cela ne devait pas être autrement. Notre capitaine, qui n’était pas plus marin que moi et qui n’avait point embarqué depuis vingt-cinq ans, aurait été beaucoup mieux à sa manufacture de tabac que sur La Méduse ; encore n’avait-il jamais embarqué que comme aspirant ou enseigne de vaisseau. J’ai appris, depuis peu, par différentes personnes, que des paris avaient été faits à Brest par les marins qui connaissaient ses moyens de navigation, que la frégate ne rentrerait pas dans un port de France...

  • Extrait de la première partie des Mémoires du capitaine Dupont

    Première partie (1792 – 1815) des Mémoires du Capitaine Dupont

     

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    Campagnes aux Antilles : Guadeloupe, Saint-Eustache et Marie-Galante Occupation des îles hollandaises. – Séjour à Saint-Eustache où une attaque anglaise est repoussée. – Retour en Guadeloupe. – Daniel Dupont en garnison à Marie- Galante pendant deux années.

     

    Le 1er mars (1795), embarqué pour aller prendre possession des îles hollandaises. Le premier jour, après avoir été coucher à Deshayes et partis le lendemain, par un bon vent, nous avons été deux jours et sommes débarqués à Simson-Baie, île Saint-Martin ; de là nous avons fait route par terre pour gagner le Fort-Amsterdam, capitale de la partie hollandaise. Nous n’y sommes restés que trois jours et nous sommes repartis, quatre compagnies de notre bataillon, pour Saint-Eustache. Nous y sommes arrivés dans la même journée, la traversée n’étant que de huit lieues. Les Hollandais nous ayant remis les forts, on a hissé le pavillon français à côté du pavillon hollandais ; les troupes hollandaises montaient la garde avec nous, et nous avons vécu en bonne intelligence, ainsi qu’avec les habitants de l’île, pendant deux ans que nous y sommes restés en garnison.

     

    Saint-Eustache est une petite île de trois lieues de circonférence, qui était bien riche avant la guerre de la Révolution. Son port était ouvert à toutes les nations et était franc. Aussi il s’y faisait un grand commerce, mais la guerre lui a causé sa ruine. Il y avait autrefois un volcan qui est éteint, qu’on nomme le Bol, et qui est aujourd’hui rempli de broussailles. À Saint-Eustache il y a beaucoup de juifs ; nous étions logés auprès de leur synagogue et nous les entendions prêcher et chanter de notre caserne. J’y suis entré une fois, c’était toujours le soir qu’ils s’y réunissaient.

     

    Le 31 janvier (1796) je me trouvais détaché à la batterie Dewind qui est dans la partie sud de la colonie, et en vue de Saint-Christophe, qui appartient aux Anglais, quand je vis quatre bâtiments anglais appareiller et faire route pour venir attaquer les bâtiments français qui se trouvaient dans la rade. J’ai bien vite envoyé un homme de mon poste prévenir le gouverneur que deux vaisseaux et deux frégates faisaient route pour Saint-Eustache, et, quand ils ont été à portée de canon, j’ai commencé le feu ; mais ils m’ont fait beaucoup d’honneur : ils ne m’ont pas répondu… Ils se réservaient pour la rade, mais on les a si bien reçus qu’ils ont été obligés de laisser arriver vent arrière et de se retirer du combat pour réparer leurs avaries. Nous ne les avons plus revus.

     

    Parti de Saint-Eustache à la fin de 1796 pour retourner à la Guadeloupe. Dans la nuit de notre départ, sous le vent de Saint-Christophe et au moment où nous y pensions le moins, il nous est arrivé un coup de canon d’une frégate anglaise qui nous donnait la chasse ; j’étais malade de la maladie de mer dans ce moment-là : j’ai été bientôt guéri, ainsi que tous mes camarades qui se trouvaient pris comme moi de la maladie de mer…

     

    Nous étions trois goélettes, les deux premières se sont sauvées, mais la troisième a été prise et je me trouvais dans la première. Le lendemain, au jour, nous n’avons plus rien vu et nous sommes arrivés le lendemain à la Basse-Terre ; nous avons été casernés au Champ d’Arbau. À compter de ce moment, j’ai été fait sergentinstructeur et je n’ai plus guère monté la garde tout le temps que je suis resté sergent.

     

    Parti de la Basse-Terre pour aller tenir garnison à Marie-Galante. Le premier jour aux Trois-Rivières, deuxième journée à la Capesterre, troisième journée au Petit-Bourg et embarqué de suite dans des embarcations pour la Pointe-à-Pitre. Et parti le lendemain pour Marie-Galante. J’y suis resté deux ans bien tranquille ; j’y faisais les fonctions d’adjudant sous-officier.

     

    Marie-Galante est une petite île dépendant de la Guadeloupe qui a environ une vingtaine de lieues de circonférence, pays assez plat et qui a à peu près vingt mille habitants. Christophe Colomb la découvrit en 1493. Elle est à dix lieues de la Guadeloupe, à la même distance des Saintes et à peu près à la même distance de Dominique.

  • Extraits de "ABCMer" de Jean-François Marquet aux Éditions La Découvrance (NOUVEAUTÉ HIVER 2014-2015)

    ABCMer

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    Jean-François Marquet

     

    Illustré par 40 dessins de Sébastien Léger

     

    Un avant-goût des mots :

    À Dieu vat’, affaler, arriver

    biture, bord, branle-bas

    cambuse, cape, chiourme, cinglé, corbillard

    débâcle, déglinguer, démarrer, déraper,

    désemparé, draguer

    estime

    forban, fretin

    gabarit, gouverner, guindé

    Havre

    jauge

    larguer, lascar, ligne

    nausée, nef

    panne, parage, patachon

    quart

    ricochet

    strapontin

    tiens bon

     

    va-et-vient, vadrouille, vrac

     

    A DIEU VAT

    A, comme A dieu va ou mieux, A dieu vat’

     

    A dieu va ou A dieu vat’ est employé aujourd’hui, pour ceux qui l’emploient encore, comme une expression synonyme de à la grâce de dieu ou que dieu nous guide ou encore à dieu plaise.

    A savoir tout de même qu’on peut écrire A dieu va en trois mots mais également Adieu en un seul mot et plus loin Va ou Vat’ en prononçant bien le T dont on dit qu’il viendrait du breton mais qui plus sûrement vient d’une ancienne façon de conjuguer le verbe aller avec un T à la troisième personne du singulier. Il est vrai en outre, qu’en langage marin on prononce volontiers les T comme dans bout ou canot Bref, autrefois, cet Adieu vat’ était dit pour souhaiter une bonne navigation mais pas seulement.

    Car, comme disait Maxime Du Camp, l’ami de Flaubert, dans les mémoires d’un suicidé : «Quand la dernière montagne eut disparue sous les nuages, un sanglot monta jusqu’à mes lèvres et je poussai le cri des matelots en péril : A dieu va »

     

     

    Explication de texte : en fait, dans l’ancienne marine à voile, Adieu vat' était un commandement donné à l’équipage pour virer de bord par vent debout (de face).

    La manoeuvre était particulièrement délicate sur ce genre de bâtiment parce que pendant le virement de bord le bateau n’est pas franchement manoeuvrant. Et s’il ne parvient pas à passer le lit du vent, sa vitesse tombe et il peut dériver vers des rochers ou vers un autre bateau de la flotte. C’est l’équivalant de Envoyez! Dans le commandement actuel qui dit d’abord Paré à virer! Envoyez! Le risque que comportait cette manoeuvre jadis nécessitait donc qu’on s’en remettre à Dieu.

     

    AFFALER

    A, comme Affaler,

     

    Aujourd’hui dans le langage commun on utilise volontiers le verbe affaler sous la forme s’affaler… « J’étais tellement épuisé que je me suis affalé sur le canapé en regardant TF1».

    On l’utilise donc pour dire qu’on se laisse tomber lourdement, qu’on se vautre, qu’on s’écroule, soit par fatigue soit parce que quelqu’un, quelque chose ou la télévision nous a fait tomber physiquement ou d’ennui.

    Eh bien, ce n’est pas tout à fait ça ou plutôt ce n’est pas que ça. L’auteur à succès, Stephen King, qui a sans doute le pied marin, écrivait dans La ligne verte : « On peut affronter la bise mais mieux vaut s’affaler dans la tempête ». Il ne croit pas si bien dire.

     

    Mais remontons un peu le temps. En fait, affaler vient d’un mot néerlandais qui signifiait «faire descendre ou laisser descendre ». En terme marin on ne s’affale donc pas mais on affale des objets, un colis, ou un homme le long du mât au bout d’une corde ou encore un filet. On affale même la morue dans la cale, d’ailleurs le matelot chargé de cette manoeuvre est appelé l’affaleur. 

     

    On peut aussi affaler en grand ou affaler en bande, c'est-à-dire laisser tomber le plus vite possible, c’est comme ça qu’on affale une voile par exemple. Comme quoi on peut aussi bien affaler une morue qu’un phoque. Autrefois, on utilisait aussi ce verbe pour dire que le bateau était poussé par le vent vers la côte. En somme, on affale sous les rafales.

    D’ailleurs, s’affaler quand on parle du bateau lui-même c’est, ni plus ni moins, qu’il s’est échoué et pas forcément sur un canapé.

     

    FRETIN

    F, comme fretin

     

    Fretin est à l’origine un diminutif. Le diminutif d’un mot de l’ancien français fret qui

    voulait dire débris et fret n’était autre que le participe passé du verbe freindre qui, lui,

    voulait dire briser qui vient lui-même du latin frangere qui en français actuel a donné

    enfreindre ou encore fraction. Là, il faut se souvenir de ses versions latines.

     

    Dans ce sens de débris, de chose sans valeur, fretin a disparu excepté dans l’expression menu fretin. Le menu fretin qualifie des choses et surtout des personnes de peu d’importance. Ainsi, Marivaux, en parlant de ses proches pouvaient dire :

    « Pour ce qui est de mes parents, ce n’est pas du fretin non plus : on les appelle Monsieur et

    Madame », on sent bien que ce n’est pas rien.

     

    Bref, la police peut avoir arrêté le menu fretin sans avoir mis la main sur les caïds ou les cerveaux de l’affaire. Et ça n’est pas sans rapport avec le sens maritime du mot fretin, un mot qui n’est pas lié à la navigation ni à la construction navale mais bien à la pêche.

     

    Dès le début du XVIIème siècle le menu fretin s’emploie principalement par les morutiers pour désigner les prises de trop faible taille, donc de dernière qualité et pour tout dire : invendable. En somme à la fois petit et sans valeur.

     

    Aujourd’hui, les pêcheurs professionnels comme les pêcheurs du dimanche nomment menu fretin les poissons trop petits qu’ils remettent généralement à la mer quand ils ne sont pas morts étouffés au fond du filet sous le poids des poissons les plus gros.

    Enfin, dernière précision, le fretin n’est pas celui qui met son bateau en location,

    lui, c’est le fréteur du bateau, et celui-là n’est pas forcément menu.

     

    Capture d’écran 2014-11-18 à 23.59.45.pngPATACHON

    P, comme patachon

     

    Aujourd’hui, bien sûr, on connaît le mot patachon qu’on emploie plus guère que dans l’expression mener une vie de patachon et pour dire que quelqu’un mène une vie un peu instable voire franchement dissolue. Mais, sait-on encore que le nom de patachon était celui qu’on donnait au cocher qui conduisait la diligence qu’on nommait une patache. Une diligence à deux roues assez inconfortable mais qui permettait de voyager à peu de frais. Et le fameux cocher qui en tenait les rênes était réputé pour s’arrêter régulièrement dans des auberges où il ne buvait pas que de l’eau.

     

    Mais, me direz-vous, quel rapport avec la mer ? En fait, cette patache terrestre a un ancêtre marin, un bateau particulier. Son nom viendrait de l’espagnol pataje qui désignait un petit bateau de guerre.

     

    La patache était donc au XVIIIème siècle un petit bateau qui naviguait au service de plus grands navires entrant dans les ports pour y percevoir le droit d’ancrage ou bien la gabelle. C’est donc logiquement que cette embarcation est devenue la barque officielle du service des douanes qu’on a appelé patachon celui qui pilotait cette barque. En argot marin, le patachon a désigné tous les douaniers. Un surnom pas vraiment plus sympathique que son concurrent le gabelou.

     

     

    Capture d’écran 2014-11-18 à 23.57.15.png

    QUART

    Q, comme quart

     

    Le quart vient du latin quartus qui veut dire quatrième, et logiquement il divise tout en quatre, il peut même couper les cheveux, en quatre. « Le quart de rouge, la boisson du garde rouge », eh bien ce quart de rouge, que chante Nino Ferrer n’est autre que le quart d’un litre de vin rouge ; Mais je vous vois d’ici partir au quart de tour et vous

    demander ce que le quart a à voir avec le langage marin.

     

    En fait, le quart est la période, autrefois de 6 heures soit un quart de journée, puis de 4 heures, période donc pendant laquelle plusieurs membres de l’équipage

    accompagnés d’au moins un officier sont de veille pour assurer la sécurité du bateau, la navigation, les manoeuvres et la surveillance des éventuels navires

    ennemis. Ces membres d’équipages sont appelés les hommes de quart.

     

    Il y a donc les quarts de jour et les quarts de nuit. Ces derniers n’étaient pas franchement les préférés des matelots c’est pourquoi ils ont appelé le quart qui va de minuit à quatre heures : le quart du cimetière et celui qui va de quatre à huit heures : le quart du bouledogue.

    Toujours en terme marin, le quart désignait également la ration d’un quart de litre attribué au matelot. Par extension il a signifié le gobelet en fer blanc qui fait cette contenance et qu’on utilise toujours même à terre.

     

    A savoir enfin que dans l’argot des prostitués faire le quart c’est faire le trottoir.

     

  • Georges Saulterre, curateur du sculpteur chinois Yiming MIN

    Biographie de Georges Saulterre (site officiel http://www.saulterre.com)

    Des Flèches des Cathédrales sur l’autoroute A10 parue dans le Guinness des Records 1998, à Ange et Tortue Glorieuse, première sculpture monumentale installée au Jing’an Park de Shanghai,  et tout dernièrement la Chimère exposée  Au musée d’art contemporain de Qingdao (Chine), Saulterre n’a de cesse de nous offrir une palette d’œuvres symboliques, sensuelles, un musée de l’Imaginaire comme on aime.

    Plus de 155 000 000 d’automobilistes en France croisent annuellement ses sculptures monumentales ; le Héron cendré, A l’aube des temps, le Signal des Alpes, Sur la trace des vikings, l’Aérotrain, le mémorial de la Paix d’Alizay (France),  le coq géant au milieu du vignoble bordelais Château la France, c’est lui... Sa poésie et sa démesure esthétisante touchent tous ceux qui savent encore rêver..

    Homme du bonheur, homme de bonheur, il est de notre temps et témoigne de tout, voit tout, sent tout : le bonheur certes mais aussi le drame, le silence et le vacarme, la paix et la guerre, le passé et le présent.

    Saulterre en parle, nous en parle. Véritable magicien, il transcende les idées, transpose les concepts, recrée les formes, maîtrise la matière au gré de son inspiration et de ce qu’il entend exprimer. Il façonne, domine, soumet les matériaux, utilise le grès comme le plâtre, le verre comme le métal, l’aspérité comme la forme pleine, le figuratif comme l’abstrait. Il se sert de tout, et tout lui sert !

    La verticalité n’est pas faite que de rondeur : il prend, domine, habite l’espace, apprivoise le vide, conjugue de façon surprenante puissance et légèreté et dresse partout, dans les parcs et sur les routes, en France comme à l’étranger,  ses sculptures monumentales où l’inox se joue des volumes et de la pesanteur, où le mouvement s’exprime dans une dimension colossale qui métamorphose la lumière au gré des heures qui passent.

    Flèches qui s’élancent, volutes de métal qui enlacent l’espace, ailes ou pyramides , miniatures qui caressent le vide avant l’envol, il les fait habiter des lieux contemporains et les apprivoise à la mesure d’aujourd’hui.

  • L'écrivain Stéphanie Hochet touchée au coeur par la pièce "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (13 novembre 2014)

    hochet deux.pngElles sont trois. Trois Camille Claudel représentant la sculptrice à trois moments de sa vie, d’abord jeune femme, débutant ses cours avec Rodin, puis femme plus mûre, au moment où elle quitte le grand homme et la Camille âgée qui voit venir la mort. Trois comédiennes exceptionnelles se glissent dans la peau de l’artiste et prêtent leur voix au texte de Sophie Jabès : Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik. C’est la plus ancienne qui prend la parole. Enfermée dans un asile par sa famille, Camille attend la visite de son frère Paul, le grand poète qui a, lui, le droit d’être fou. Toute une vie derrière elle de tourments, de tensions, de combats, et rien pour apaiser sa paranoïa. La plus jeune Camille est une femme pleine d’ambition, elle veut être une immense artiste reconnue et adulée, elle veut aussi l’amour de Rodin dont elle pressent l’attirance. Discours sur les attentes de la vie, la fureur des grandes espérances d’une artiste pleine d’idées et de désirs. La Camille du milieu de vie, elle, s’agite, elle doit fuir, détruire ses œuvres et sauver sa peau ou se perdre.

     

    hochet jabes.pngSophie Jabès créé une véritable confrontation entre « ces personnages » qui finissent par s’interpeller, se regarder comme à travers une vitre. Les conseils de la plus ancienne à la plus jeune ne serviront à rien, on ne renverse pas le cours du temps… Le texte de Sophie Jabès, tout en densité, touche au cœur.

    S.H.

     

    Du 1er octobre au 22 novembre
    Du mardi au samedi à 18
    h30

    Au théâtre Le Lucernaire
    Texte de Sophie Jabès
    Adaptation scénique et Mise en scène : Marie Montegani
    Avec : Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, et Geneviève Dang
    Texte publié chez Lansman.

    http://www.lucernaire.fr/beta1/index.php?option=com_content&task=view&id=1721&Itemid=44

  • Anne-Laure Walter repère dans Livres Hebdo du 7 au 14 novembre 2014 la pièce de Sophie Jabès dans un dossier Camille Claudel

    1017unepetite.jpgPar Anne-Laure Walter, le 07.11.2014

    CAMILLE CLAUDEL

    Camille Claudel : La sculpture à la folie

    Jeune femme aux yeux clos. - © MUSÉE DE POITIERS/C. VIGNAUD

     

    A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Camille Claudel, le 8 décembre, La Piscine à Roubaix lui consacre une grande exposition du 7 novembre au 8 février. Pour mieux situer la sculptrice dans son époque, le japonisme, l’Art nouveau, le naturalisme et l’expression de la chorégraphie sont développés dans l’exposition ainsi que dans le catalogue coédité par Gallimard le 21 novembre, sous la direction des auteurs de son catalogue raisonné Bruno Gaudichon et Anne Rivière.

     

    Par ailleurs, la romancière Sophie Jabès a écrit une pièce sur la muse de Rodin, qui finira ses jours internée, Camille, Camille, Camille, jouée au Lucernaire à Paris jusqu’au 22 novembre et dont le texte est disponible chez l’éditeur belge Lansman.

     

    jabjab.pngDernièrement sont aussi parus Camille Claudel : itinéraire d’une insoumise (Le Cavalier bleu, septembre), regards croisés sur l’artiste et la femme entre une historienne de l’art, Véronique Mattiussi, et une psychologue, Mireille Rosambert-Tissier ; une biographie pour la jeunesse, Camille Claudel : la sculpture jusqu’à la folie de Rolande Causse (Oskar, février), ainsi qu’une nouvelle édition de Camille Claudel & Rodin : le temps remettra tout en place, une étude d’Antoinette Le Normand-Romain sur l’impact artistique de la relation entre Rodin et son élève (Hermann, mars). Enfin, Economica publie depuis quelques années le travail de Reine-Marie Paris, petite-nièce de l’artiste, et vient d’éditer Camille Claudel : intégrale des oeuvres, cosigné par Philippe

    Cressent. A.-L. W.

    http://www.livreshebdo.fr/article/camille-claudel-la-sculpture-la-folie

     

    walter.png