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  • La Théâtrothèque recommande la pièce "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (du 1er octobre au 22 novembre 2014 au Lucernaire)

    La théâtrothèque.com 

    camille-300.jpgCamille, Camille, Camille de Sophie Jabès
    Mise en scène de Marie Montegani
    Avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, Geneviève Dang (messager)

    Camille Claudel marche sur son destin, un destin sculpté sur le bronze de l'amour-passion pour son maitre d'atelier, Auguste Rodin.

    Camille Claudel, la sœur de l'écrivain Paul Claudel, naquit en décembre 1864 à Fère-en-Tardenois, un village situé dans le bas de l'Aisne. Elle voue une passion pour la sculpture et c'est ainsi qu'après s'être initiée à la terre glaise, elle profitera d'un déménagement familial dans le quartier de Montparnasse pour fréquenter les artistes du moment. Alfred Boucher auprès duquel elle appris ses premiers gestes et vint la rencontre avec Auguste Rodin, le maitre. Les œuvres de Camille Claudel, inclassables tel L'Age mûr, immortelles comme Persée et la Gorgone, insoupçonnées La Valse. 

    Le texte de Sophie Jabès, une résonance biographique de l'existence de Camille Claudel déclinée en trois dimensions humaines, l'élève de Rodin, l'artiste et l'internée. Ce texte évoque par analogie des moments d'errance que Camille Claudel traduisit avec La Jeune fille à la gerbe, L'Implorante et Profonde pensée. Si l'histoire est d'encre, ces œuvres sculptées dans la terre cuite, le bronze et le marbre, correspondent aux matériaux de la construction et de la déconstruction de l'homme.

    La pièce, une succession de tableaux, lesquels prennent pour cadre le support vidéo où apparaît un Messager, interprété par Geneviève Dang. Il annonce la mort à chacune de ses interventions. La scène révèle dans un clair-obscur une vieille femme assise sur un banc, laquelle entretient un monologue articulé entre confusion et sénilité. Le récit d'une vie qui suit le fil d'une pensée décousue. Clémentine Yelnik est Camille Claudel âgée, internée en psychiatrie à Montfavet. Elle est celle qui sait tout, celle qui a été et restera dans le commun des mortels, une artiste qui s'est gravée un nom sur le panthéon de l'Art nouveau. Clémentine Yelnik est criante de tendresse dans ce rôle qui demande d'alterner simultanément la déraison et son inverse.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegIntervient Camille Claudel, étrangère avec elle-même, ténébreuse dans le propos, angoissée avec le passé. L'inconscience lui inflige un désordre psychologique, lequel va évoluer vers une obsession aveugle, telle Médée qui criait justice, alors qu'elle était coupable d'avoir tué ses enfants. Camille Claudel n'a jamais fondé de famille et peut-être dénonce-t-elle la mort prématurée de son frère Charles-Henri, un an avant sa naissance. Elle s'emmure dans une solitude qui ravage la femme et atteint l'artiste. Rodin n'est pas étranger à cet état d'être. Nathalie Boutefeu interprète Camille Claudel à un moment crucial de sa vie, une parenthèse ouverte sur l'inconnu et la folie. L'expression des yeux de la comédienne dénonce avec une intensité prononcée cet entre-deux de l'existence de la sculptrice. Vanessa Fonte joue Camille Claudel, jeune, artiste débutante et éprise de Rodin. Elle se réalise à travers ses sculptures, elle revendique son talent, elle aime Rodin, son maitre. Vanessa Fonte est convaincante d'assurance dans ce rôle qui assoit une nouvelle fois sa présence remarquée au théâtre.

    Marie Montegani réalise une mise en scène avec trois tempéraments affirmés, lesquels se glissent par extrait dans la vie de Camille Claudel. Cette mise en scène dépoussière les clichés biographiques si souvent repris au théâtre et qui manquent d'originalité. Marie Montegani a posé sa touche personnelle en intégrant la vidéo et les images filmées, en jouant avec les fluidités de la technique, régie son et lumières. Une mise en scène aboutie qui subtilise le passé et ressuscite Camille Claudel une heure durant. Camille, Camille, Camille, l'histoire d'une artiste réécrite pour le théâtre.

    Philippe Delhumeau

     

    Camille, Camille, Camille de Sophie Jabès
    Du 01/10/2014 au 22/11/2014
    Du mardi au samedi à 18h30. Relâche les mardis 21 et 28 octobre.

    Lucernaire
    53 Rue Notre-Dame des Champs
    75006 PARIS (Métro Vavin, Notre-Dame des Champs, Montparnasse Bienvenüe)

    Réservations : 01 45 44 57 34 

  • Froggy's delight voit dans la pièce de Sophie Jabès jouée au Lucernaire "un spectacle charnel et saisissant"

    Capture d’écran 2014-10-19 à 22.37.01.pngCAMILLE, CAMILLE, CAMILLE

     

    Théâtre Le Lucernaire (Paris) octobre 2014

     

     

    camille-300.jpg

    Comédie dramatique de Sophie Jabès, mise en scène de Marie Montegani, avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik et Geneviève Dang.


    C'est la Camille internée à la fin de sa vie qui nous apparaît d'abord. Seule sur un banc, elle vocifère sur sa situation. Tour à tour, trois Camille vont se succéder sur les trois espaces scéniques qui divisent la scène, pour retracer les étapes de la vie de Camille Claudel, ses débuts comme élève d'Auguste Rodin puis Camille au seuil de la folie et celle, à l'asile qui revoit sa vie.

    Enfin, et c'est le plus intéressant dans la pièce de Sophie Jabès : c'est à une confrontation entre ces trois Camille que nous assisterons.

     

    "Camille, Camille, Camille" est le portrait éclaté d'une femme déchirée qui dans sa famille demeure dans l'ombre de son frère, Paul Claudel. De ces fragments de Camille se dégagent la passion pour son art et pour Rodin, même si là encore, elle doit lutter pour s'affirmer face à ce monstre de sculpteur et ne se remettra pas de son abandon.

     

    Dans une belle scénographie d'Elodie Monet, les trois femmes se débattent et crient leur amour tandis que sur l'écran, un étrange page vient annoncer les morts autour d'elle.

    La mise en scène de Marie Montegani fait cohabiter sur scène ces trois périodes avec habileté et sait tirer le meilleur de ses trois comédiennes. Vanessa Fonte est une jeune Camille pleine de fougue et d'émotion. Volcanique et impatiente. Elle est bouleversante.

     

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    Nathalie Boutefeu qui fût une inoubliable Emily Dickinson ("Emily Dickinson, la belle d'Amherst") est une Camille sensible, encore pleine de révolte dont la folie naissante transparaît dans le comportement.

    Enfin, Clémentine Yelnik est une impressionnante Camille à l'asile de Montdevergues, dont chaque phrase retentit du vécu de la femme et de l'artiste, de ses frustrations, ses blessures et de sa solitude. Elle est phénoménale.

     

    "Camille, Camille, Camille" est un spectacle charnel et saisissant sur une artiste d'exception qui prit son existence à bras le corps au service de l'art pour se consumer de passion.

     

    Nicolas Arnstam www.froggydelight.com