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Philippe COLLONGE - Page 2

  • Présentation par Philippe Collonge des Mémoires du Capitaine Dupont, rescapé du radeau de La Méduse

    Présentation des Mémoires du capitaine Dupont

     

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     Les Mémoires du capitaine Dupont n’ont fait l’objet que d’une diffusion restreinte, en 1903, à partir de la transcription de manuscrits possédés par la famille et grâce aux travaux effectués par Eugène Lecoeur, pharmacien de première classe et arrière-neveu du capitaine.

     

    Leur publication, effectuée par la Société archéologique d’Eure-et-Loir dans trois bulletins successifs, n’a jamais bénéficié d’un tirage à part, et il nous paraissait intéressant, cent ans plus tard, d’en entreprendre l’édition révisée, sous la forme d’un seul volume étoffé de quelques cartes et reproductions.

     

    Pour être totalement fidèle aux écrits du capitaine Dupont, nous avons travaillé directement sur les manuscrits originaux, rédigés de la main même du rescapé de La Méduse et complétés par les notes personnelles rassemblées par Eugène Lecoeur.

     

    Ce travail à partir des pièces authentiques nous a permis de préciser, de compléter, de rectifier parfois le texte publié en 1903, en nous appuyant sur des éléments géographiques ou historiques plus faciles à collecter et à vérifier de nos jours. Dans ce but, nous avons consulté de nombreux documents concernant les guerres de Vendée, l’histoire des Antilles et du Sénégal, et lu ou relu les témoignages directs et les principaux ouvrages historiques traitant du naufrage de la frégate La Méduse.

     

    De cette abondante lecture, nous citerons en particulier le livre très documenté publié par Michel Hanniet, qui constitue une somme de tout ce qui a été écrit sur cet événement dramatique (éd. Actes Sud, 1991). 

     

    Nous avons respecté les formulations parfois maladroites mais souvent pittoresques, et certaines tournures anciennes qui donnent une saveur particulière à ces Mémoires qui n’ont rien perdu de leur intérêt à la fois humain et documentaire. Nos corrections se sont limitées à quelques modifications d’orthographe et de ponctuation, et à la suppression de certains archaïsmes de conjugaison.

     

    Le manuscrit est scindé en deux parties : la première traite des campagnes de Vendée et des Antilles, la seconde concerne le naufrage de La Méduse. Chacune de ces deux parties se présente tout d’une traite, avec, en marge de la première (période 1792-1816), une simple indication de l’année concernée. Un découpage plus clair nous a paru utile et nous avons fait précéder chaque chapitre créé d’une

    brève indication des événements qu’il relate. Plusieurs indices nous font supposer que la rédaction définitive de ces Mémoires s’est faite après 1840, à partir de notes de route très succinctes – et lointaines pour la première partie – et de souvenirs beaucoup plus proches et élaborés pour la seconde (certains passages ont manifestement été rédigés dans les semaines qui suivirent le naufrage, et complétés par la suite). Si l’on ajoute à ces raisons le fait que Daniel Dupont, tout au long de sa très honorable carrière, s’est évidemment attaché à développer ses connaissances et sa culture – en particulier pendant ses années de captivité en Angleterre –, on s’explique mieux la différence de style entre les deux parties du document. Les phrases brèves, souvent elliptiques, parfois incomplètes, qui caractérisent le début de ces Mémoires, laissent peu à peu la place à des notations plus détaillées, à des descriptions plus élaborées, à des observations plus originales.

     

    Pour éclairer ou rectifier certains passages, préciser certaines circonstances, situer certains acteurs, nous avons introduit un grand nombre de notes, en reprenant une partie des commentaires d’Eugène Lecoeur et en y intégrant largement le résultat de nos recherches. Nous espérons que l’abondance de ces notes n’altérera pas la spontanéité du texte, mais fournira aux lecteurs les plus exigeants d’utiles

    indications sur les événements, les lieux et les personnages. Enfin, le capitaine Dupont se montrant particulièrement attentif au relevé de ses itinéraires, nous les avons soigneusement étudiés et représentés sur des cartes qui en facilitent la lecture. (Sur ces cartes, nous avons adopté le plus souvent les graphismes actuels des noms de lieux, quelquefois différents de ceux du manuscrit).

     

    Ce qui nous a paru le plus attachant, dans ces Mémoires, c’est l’homme qui les a rédigés.

    La sécheresse habituelle des états de service, tels qu’ils sont conservés aux Archives historiques des armées, nous donne peu d’éléments sur l’aspect physique du capitaine Dupont : – Taille : 1,73 m – Visage : ovale – Front : large – Yeux : bleus – Nez : ordinaire – Bouche : moyenne – Menton : rond – Cheveux et sourcils : châtains.

     

    En fait, en dehors de sa taille, plutôt élevée pour l’époque, l’apparence de Daniel Gervais Dupont ne présentait pas de caractéristiques bien particulières. Nous pouvons cependant supposer, en nous référant aux notes d’Eugène Lecoeur, que, contrairement à son frère aîné, sa denture était solide et saine puisqu’elle lui permettait de déchirer les cartouches et de manger du biscuit. Nous conviendrons

    également que sa constitution devait être particulièrement robuste ; certes, il est quelquefois saisi par les fièvres, victime d’un débordement de bile ou d’une douleur au pied, mais pour passer par où il est passé et survivre jusqu’à soixante-quinze ans aux fatigues et aux privations endurées pendant vingt-cinq années de service, il faut être bâti à chaux et à sable !

     

    Mais le plus étonnant chez cet homme simple, au jugement droit – qui semble, lui, ne s’étonner de rien –, c’est la chance incroyable qui le sert dans les pires situations. Sauvé de la noyade à Pontorson, il échappe au massacre d’un convoi de malades, est épargné par un sabreur vendéen, passe au travers de la mitraille anglaise, évite la baïonnette d’un esclave révolté, traverse sans dommage les plus fortes tempêtes et, quand le malheur semble enfin le terrasser, il fait partie de la poignée d’hommes qui survit à la tragédie du radeau de La Méduse … Mieux encore, en vingt-cinq années de vie militaire, pas une seule blessure sérieuse !

     

    Daniel Gervais Dupont était probablement fait pour mener l’existence paisible de son père, mais l’époque troublée en avait décidé autrement, et cet homme tranquille, respectueux de l’ordre et de la discipline, a connu une vie de tempêtes et d’éclairs, heureusement entrecoupée de périodes d’accalmie, sans jamais se plaindre ni murmurer. Dans les circonstances les plus dramatiques, il garde son bon sens et sa bonhomie, et même, nous semble-t-il, son humour…

     

    Enfin, quand il regagne sa petite ville de Maintenon dont il a été éloigné si longtemps, il y déroule paisiblement la trentaine d’années qu’il lui reste à vivre sans jamais rechercher autre chose que l’affection de sa famille, la fidélité à ses amis, et l’estime de ses concitoyens.

     

    Il y a chez lui quelque chose du Candide de Voltaire qui, au terme d’une vie d’aventures, en vient à la conclusion que le plus important est de cultiver son jardin. À ce titre, il nous donne à travers ses Mémoires et les notes qu’il a laissées, une leçon de sagesse et d’humanité.

     

    Philippe Collonge

  • Extrait de la deuxième partie des Mémoires du capitaine Dupont

    Seconde partie (1816 – 1818) des Mémoires du Capitaine Dupont

    Voyage en Afrique par terre et par mer en 1816

     

    I

     

    La Méduse fait voile pour le Sénégal : la frégate isolée s’échoue sur le banc d’Arguin

    (2 juillet 1816)

     

    Embarquement et départ de l’île d’Aix. – Première semaine de mer. – Escale à Ténérife. – Passage du tropique du Cancer. – La Méduse s’isole et navigue trop près des côtes. – Échouement sur le banc d’Arguin.

     

    Le 7 de juin nous nous sommes embarqués à bord de la frégate La Méduse, commandée par Monsieur Roi de Chaumaraix, mouillée dans la rade de l’île d’Aix. J’avais ce jour-là un grand mal de dent. Aucun des passagers n’était encore embarqué. Ils arrivèrent successivement les jours suivants. Ce fut le 12 que M. Schmaltz, colonel et commandant pour le Roi au Sénégal, s’embarqua avec sa famille.

     

    Le 17, sur les huit heures du matin, nous appareillâmes ; le vent, n’étant pas très bon, nous obligea de louvoyer pour sortir de la rade. Il y avait en compagnie avec nous, la corvette L’Écho (M. Cornet de Venancourt), le brick L’Argus (capitaine de Parnajon), et la gabare La Loire (M. Gicquel-Destouches). Sur les quatre heures de l’après-midi, on aperçut un signal que La Loire faisait et qui demandait à mouiller : la marée montait alors, et elle dérivait. On lui signala de mouiller, ce qu’elle fit et nous aussi. Nous mouillâmes dans la baie des Basques jusqu’à huit heures du soir que nous appareillâmes de nouveau : la marée descendait et nous favorisait pour sortir. La brise n’était pas très forte, nous passâmes une nuit assez agréable.

     

    Le lendemain 18, nous n’apercevions plus la terre. Les vents étaient au nord-est et nous avions vent arrière. Ce même jour on voyait la plus grande partie des passagers qui ne savaient où se fourrer pour rendre leur déjeuner et leur dîner ; les figures étaient décomposées et à chaque instant ces Messieurs portaient ce qu’ils avaient mangé aux poissons qui, sans doute, s’en arrangeaient très bien. Moi qui était, comme beaucoup d’autres qui avaient déjà embarqué, spectateur de tout cela, nous nous amusions, car on ne plaint jamais ceux qui ont le mal de mer, quoiqu’ils souffrent beaucoup.

     

    Le 19, même temps, petite brise. Le 20, de même. Le 21 nous doublâmes le cap Finisterre avec un vent fort, mais très bon ; le 22, le vent devint plus fort, mais toujours bon. Nos passagers trouvaient que la mer était mauvaise, mais la vérité est qu’elle était très belle pour des marins. Sur les quatre heures de l’après-midi, la corvette L’Écho nous signala qu’elle avait perdu un homme qui était tombé à la mer. Elle mit de suite une chaloupe à l’eau, mais toutes ses recherches furent inutiles, l’homme avait disparu. Ce fâcheux accident nous occasionna deux heures de retard.

     

    Le 23, même continuation de temps et de route. Nous filions douze noeuds à la minute, ce qui faisait quatre lieues à l’heure. Sur les cinq heures de l’après-midi, on aperçut beaucoup de souffleurs et de marsouins qui venaient très près de la frégate. Au même moment, un mousse qui avait mis son linge sale à la traîne, en voulant le retirer, le linge l’emporta ; de suite un cri se fit entendre de la batterie : « Un homme à la mer ! ». On mit de suite en panne, c’est-à-dire qu’on masqua les voiles pour empêcher que la frégate ne marchât, mais cela demanda du temps. On mit une chaloupe à l’eau, on jeta de suite la bouée de sauvetage, le malheureux la manqua. La chaloupe fit des recherches mais ne trouva personne ; elle revint après trois heures de recherches. La mer était très grosse pour une petite embarcation et les

    matelots qui étaient dedans eurent mille peines à rattraper le bâtiment.

     

    Le 24, nous perdîmes de vue la gabare La Loire et le brick L’Argus, qui, n’étant pas aussi bons voiliers que La Méduse et L’Écho, restèrent en arrière. Nous filions ce jour-là treize noeuds.

     

    Le 25 nous louvoyâmes dans la nuit pour reconnaître l’île de Madère, par la latitude de laquelle nous étions, et le 26, à la pointe du jour, nous aperçûmes la terre, ainsi que les îles de Porto-Santo et les îles Désertes – ainsi nommées parce qu’elles ne sont point habitées. Lorsque nous fûmes vis-à-vis le port de Madère, notre capitaine de frégate, qui nous avait toujours promis qu’il y toucherait et qu’il y enverrait une chaloupe, changea de suite de projet et fit courir au large ; nous n’y allâmes donc point, mais nous passâmes si près de terre que nous pouvions distinguer facilement le monde qui s’y promenait. L’île nous parut très bien habitée et très bien cultivée.

     

    Le 27, bon vent et rien de remarquable. Nous passâmes la nuit à louvoyer pour aller à Ténérife par la latitude de laquelle nous étions. Le 28 au matin nous entrâmes dans la rade ; on ne mouilla point, mais on envoya une chaloupe à terre ; plusieurs officiers de marine y furent, ils y restèrent presque toute la journée. La ville où ils débarquèrent se nomme Sainte-Croix. Nous restâmes à louvoyer et nous eûmes le temps d’examiner le pic qui est connu sous le nom de pic de Ténérife et que l’on voit de loin en mer. Il y avait encore de la neige dessus, ce spectacle est très beau aux yeux des voyageurs .../...

     

    II

    Organisation désastreuse du renflouement de La Méduse et du sauvetage de ses passagers (2 - 5 juillet)

     

    Vaines tentatives pour dégager la frégate. – Construction d’un radeau. – La situation s’aggrave :

    on prend des mesures arbitraires d’évacuation. – L’ordre est donné de quitter le navire à la hâte et

    dans la confusion.

     

    J’étais dans la batterie occupé à faire quelque chose, lorsque je vis notre capitaine de frégate sortir brusquement de sa chambre avec un air effaré, en disant : « Nous touchons ! ». Comme la frégate avait beaucoup d’air, elle donna successivement des secousses qui devinrent de plus en plus fortes. Ceux qui se trouvaient sur le pont lorsqu’elle toucha, me dirent qu’ils pensèrent tous tomber en arrière et que la mâture manqua de tomber aussi. Dans un premier moment, on dit que nous étions à marée basse, ce qui nous donna l’espoir de remettre la frégate à flot, à marée haute ; mais point du tout, nous étions à marée haute. Le mal était fait, on aurait pu le réparer en jetant nos canons, nos boulets, une partie de nos vivres, nos gueuses qui étaient dans la batterie et dans la sainte-barbe, à la mer ; la mâture peut-être aussi, afin d’alléger la frégate au moins de trois pieds ; mettre les chaloupes à la mer et porter des petites ancres au moins à cinq cents brasses par derrière la frégate, afin

    de nous retirer par où nous étions entrés.

     

    On mit bien les chaloupes à la mer, on porta une petite ancre à environ cinquante brasses, mais on ne jeta rien à la mer ; si bien que quand on vira au cabestan, la frégate ne remua point. On reporta une grosse ancre à environ quinze brasses, car on ne put aller plus loin, parce que cette ancre était mal placée sur le derrière de la grande chaloupe.

     

    Toutes les dispositions que prirent nos Messieurs les officiers de marine furent sans succès et cela ne devait pas être autrement. Notre capitaine, qui n’était pas plus marin que moi et qui n’avait point embarqué depuis vingt-cinq ans, aurait été beaucoup mieux à sa manufacture de tabac que sur La Méduse ; encore n’avait-il jamais embarqué que comme aspirant ou enseigne de vaisseau. J’ai appris, depuis peu, par différentes personnes, que des paris avaient été faits à Brest par les marins qui connaissaient ses moyens de navigation, que la frégate ne rentrerait pas dans un port de France...

  • Extrait de la première partie des Mémoires du capitaine Dupont

    Première partie (1792 – 1815) des Mémoires du Capitaine Dupont

     

    2

     

    Campagnes aux Antilles : Guadeloupe, Saint-Eustache et Marie-Galante Occupation des îles hollandaises. – Séjour à Saint-Eustache où une attaque anglaise est repoussée. – Retour en Guadeloupe. – Daniel Dupont en garnison à Marie- Galante pendant deux années.

     

    Le 1er mars (1795), embarqué pour aller prendre possession des îles hollandaises. Le premier jour, après avoir été coucher à Deshayes et partis le lendemain, par un bon vent, nous avons été deux jours et sommes débarqués à Simson-Baie, île Saint-Martin ; de là nous avons fait route par terre pour gagner le Fort-Amsterdam, capitale de la partie hollandaise. Nous n’y sommes restés que trois jours et nous sommes repartis, quatre compagnies de notre bataillon, pour Saint-Eustache. Nous y sommes arrivés dans la même journée, la traversée n’étant que de huit lieues. Les Hollandais nous ayant remis les forts, on a hissé le pavillon français à côté du pavillon hollandais ; les troupes hollandaises montaient la garde avec nous, et nous avons vécu en bonne intelligence, ainsi qu’avec les habitants de l’île, pendant deux ans que nous y sommes restés en garnison.

     

    Saint-Eustache est une petite île de trois lieues de circonférence, qui était bien riche avant la guerre de la Révolution. Son port était ouvert à toutes les nations et était franc. Aussi il s’y faisait un grand commerce, mais la guerre lui a causé sa ruine. Il y avait autrefois un volcan qui est éteint, qu’on nomme le Bol, et qui est aujourd’hui rempli de broussailles. À Saint-Eustache il y a beaucoup de juifs ; nous étions logés auprès de leur synagogue et nous les entendions prêcher et chanter de notre caserne. J’y suis entré une fois, c’était toujours le soir qu’ils s’y réunissaient.

     

    Le 31 janvier (1796) je me trouvais détaché à la batterie Dewind qui est dans la partie sud de la colonie, et en vue de Saint-Christophe, qui appartient aux Anglais, quand je vis quatre bâtiments anglais appareiller et faire route pour venir attaquer les bâtiments français qui se trouvaient dans la rade. J’ai bien vite envoyé un homme de mon poste prévenir le gouverneur que deux vaisseaux et deux frégates faisaient route pour Saint-Eustache, et, quand ils ont été à portée de canon, j’ai commencé le feu ; mais ils m’ont fait beaucoup d’honneur : ils ne m’ont pas répondu… Ils se réservaient pour la rade, mais on les a si bien reçus qu’ils ont été obligés de laisser arriver vent arrière et de se retirer du combat pour réparer leurs avaries. Nous ne les avons plus revus.

     

    Parti de Saint-Eustache à la fin de 1796 pour retourner à la Guadeloupe. Dans la nuit de notre départ, sous le vent de Saint-Christophe et au moment où nous y pensions le moins, il nous est arrivé un coup de canon d’une frégate anglaise qui nous donnait la chasse ; j’étais malade de la maladie de mer dans ce moment-là : j’ai été bientôt guéri, ainsi que tous mes camarades qui se trouvaient pris comme moi de la maladie de mer…

     

    Nous étions trois goélettes, les deux premières se sont sauvées, mais la troisième a été prise et je me trouvais dans la première. Le lendemain, au jour, nous n’avons plus rien vu et nous sommes arrivés le lendemain à la Basse-Terre ; nous avons été casernés au Champ d’Arbau. À compter de ce moment, j’ai été fait sergentinstructeur et je n’ai plus guère monté la garde tout le temps que je suis resté sergent.

     

    Parti de la Basse-Terre pour aller tenir garnison à Marie-Galante. Le premier jour aux Trois-Rivières, deuxième journée à la Capesterre, troisième journée au Petit-Bourg et embarqué de suite dans des embarcations pour la Pointe-à-Pitre. Et parti le lendemain pour Marie-Galante. J’y suis resté deux ans bien tranquille ; j’y faisais les fonctions d’adjudant sous-officier.

     

    Marie-Galante est une petite île dépendant de la Guadeloupe qui a environ une vingtaine de lieues de circonférence, pays assez plat et qui a à peu près vingt mille habitants. Christophe Colomb la découvrit en 1493. Elle est à dix lieues de la Guadeloupe, à la même distance des Saintes et à peu près à la même distance de Dominique.