stat

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Guilaine Depis - Page 94

  • La maniaco-dépression est-elle une maladie génétique ? (10.10.2010)

    clown.jpgLa réponse du Dr Stéphane Jamain, chargé de recherche dans l'équipe de psychiatrie génétique de l'unité inserm 955 à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil), membre de la fondation fondaMental. 

    La psychose maniaco-dépressive, également appelée trouble bipolaire, est une maladie mal connue du grand public en dépit d'une fréquence élevée dans la population. En effet, on estime que ce trouble affecte plus de 1% de la population dans le monde, soit près de 750.000 personnes en France.

    Cette maladie se caractérise par l'alternance de périodes d'excitation marquée, appelées phases maniaques, et de dépression profonde. Ces variations d'humeur sont entrecoupées de phases durant lesquelles l'humeur des patients est stable. Les phases maniaques peuvent se manifester par des périodes d'euphorie, d'excitation exagérée, d'infatigabilité avec un sentiment de toute-puissance, mais ce sont également des périodes de grande irritabilité et d'hypersensibilité émotionnelle, les rendant aussi difficiles à vivre que les périodes dépressives. Ainsi, l'Organisation mondiale de la santé situe ces troubles au 6e rang mondial de handicap.

    De nombreuses études ont suggéré une contribution importante des facteurs génétiques dans la manifestation des troubles bipolaires. En effet, on constate que lorsqu'une personne est atteinte de troubles bipolaires, ses proches parents ont plus de risque de développer également la maladie, avec un risque qui augmente proportionnellement aux liens de parenté. Par exemple, les frères et sœurs de personnes avec un trouble bipolaire ont un risque dix fois supérieur à celui de la population générale d'être eux-mêmes atteints. Ce risque est multiplié par trente lorsque les enfants ont leurs deux parents atteints de troubles bipolaires.

    Néanmoins, l'agrégation familiale ne témoigne pas forcément de l'influence de facteurs génétiques. D'autres éléments, à commencer par les facteurs environnementaux, sont également très fortement partagés par les familles. C'est pourquoi seules les études de couples de jumeaux nous permettent véritablement de différencier la part environnementale de la part génétique. Ainsi, on constate que le risque pour l'un des jumeaux d'être atteint sachant que l'autre a déjà manifesté la maladie est de 50% chez les vrais jumeaux, qui partagent 100% de leur patrimoine génétique, alors qu'il n'est que de 10 % chez les faux jumeaux, qui ne partagent que 50% de leur génome. Ceci nous permet d'estimer à un peu plus de 60% la part de la maladie expliquée par les gènes dans les troubles bipolaires.

    De nombreuses études génétiques ont essayé d'identifier ces gènes de vulnérabilité à la maladie et les modifications qu'ils subissent pour augmenter le risque d'être malade. Cependant, aucun gène n'a clairement été identifié à ce jour comme jouant un rôle dans la vulnérabilité au trouble. 

    Difficultés de diagnostic

    Les études les plus récentes ont comparé l'ensemble du génome de plusieurs milliers de personnes avec un trouble bipolaire à plusieurs milliers de personnes non atteintes. Elles ont ainsi pu suspecter que certains gènes pourraient très légèrement influer sur cette vulnérabilité, mais surtout que ces troubles provenaient de l'action combinée de plusieurs milliers de gènes, qui, selon les combinaisons, pouvait augmenter le risque individuel d'être malade. Ces résultats soutiennent parfaitement l'observation faite au sein de familles de la très grande hétérogénéité des symptômes observés au cours du trouble bipolaire, qui, selon toute vraisemblance, proviendrait de la variation de ces combinaisons. 

    De cette très grande variabilité clinique provient également la très grande difficulté du diagnostic, accentuée par l'absence de marqueur objectif de validité, comme peut l'être le taux de glycémie dans le diabète.

    C'est pourquoi le ministère de la Recherche a créé en 2007 la fondation FondaMental, une fondation de recherche et de soins en santé mentale, permettant d'apporter une aide au diagnostic par une consultation en centres experts sur le trouble bipolaire. Cette fondation a également pour objectif de proposer de participer à des projets de recherches, qui aideront, grâce à la participation de grandes familles, à identifier les gènes de vulnérabilité aux troubles bipolaires et ainsi à mieux comprendre les mécanismes biologiques impliqués dans ces troubles (informations et dons à la fondation FondaMental). 

    clown.jpg

  • Maladie maniaco-dépressive ou troubles bipolaires dans Orphanet (2004)

    clown.jpgMaladie maniaco-dépressive ou troubles bipolaires. 

    Encyclopédie Orphanet, janvier 2004

    http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-troublesbipolaires.pdf 

    Auteurs : Dr Chantal Henry, Dr Christian Gay 

    Résumé 

    Les troubles bipolaires  sont caractérisés par la survenue généralement répétée d'épisodes dépressifs, maniaques, hypomanes ou mixtes, séparés par des périodes au cours desquelles les  sujets sont a priori indemnes de dysfonctionnement psychique majeur. Les troubles de l’humeur ont été baptisés  successivement psychose maniaco-dépressive, maladie maniaco-dépressive  puis  selon les classifications actuelles troubles bipolaires. Il s’agit d’une pathologie fréquente dont la prévalence sur la vie entière au sein de la population générale est estimée à environ 1 à 2%. 

    Son déterminisme est complexe, il associe des facteurs de vulnérabilité génétique et des facteurs environnementaux. L'existence d'une vulnérabilité génétique vis-à-vis  de la maladie maniaco-dépressive  est  établie depuis longtemps. Elle repose sur  l'observation d'une augmentation du risque de présenter la maladie chez les apparentés de premier degré (10%) ; les  études de jumeaux donnent également des arguments en faveur de  cette hypothèse. Le traitement des troubles bipolaires repose sur le traitement des accès aigus et sur la prévention des rechutes. Si les traitements médicamenteux sont essentiels, il est indispensable de proposer une aide psychologique adaptée au patient et à son entourage immédiat. Dans une grande proportion des cas, lorsque le traitement préventif des rechutes est correctement suivi le  retentissement social, relationnel et professionnel  est minime.