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Camille CLAUDEL - Page 3

  • Télérama Sortir a aimé "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (21.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-21 à 18.54.53.png21 octobre 2014

    Trois représentations de Camille Claudel, jouées par trois comédiennes, animent la scène : la jeune étudiante en art dont le maître est Rodin ; l'artiste mûre que Rodin spolie et abandonne ; la vieille femme, enfermée à l'asile de Montdevergues qui attend la mort dans le désespoir. Si le texte de Sophie Jabès a le mérite de nous rappeler le génie et la tragédie de cette artiste délaissée de tous, si la présence de trois artistes de voix et d'âges différents forment un chœur parfois émouvant, le jeu souvent en force de Nathalie Boutefeu et de Vanessa Fonte transforment la folie, qui s'empare du personnage, en énergie sans nuances. Seule Clémentine Yelnik trouve la vérité d'une vie intérieure confuse traversée par les voix du passé.

    Sylviane Bernard-Gresh

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  • La Voix des sans Voix a aimé "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (12.10.14)

    « Camille, Camille, Camille »

    Texte de SOPHIE JABÈS

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    Une vieille femme sur un banc, Belle, terrifiante. Elle nous regarde, nous fixe de ses yeux qui ont tout vu. Tout compris. Au-delà des frontières de la raison.

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    Une autre, la statuaire dévastée. Dispersée près d'une valise. Ecartelée entre la vie et la vie. Entre la haine, la peur et l'oubli.

    Une troisième, jeunesse allongée, dos nu gracieux, triangle de soie offert... à qui ?

    A celui qui vient. Celui dont on ne cesse de parler. Présence, absence qui plombe. Au nom sans cesse prononcé. Cet homme-là n'a pas de prénom, c'est un artiste : « Rodin ». Deux syllabes modulées entre désir, désespoir et rejet. C'est par lui qu'elles existent. C'est pour lui qu'elle s'est enchainée. Pour lui ou pour l'art. Mais n'est-ce pas là le revers d'une même histoire ? Si et on le sait d'avance. Puisqu'on est venu pour Elle. Puisqu'on est venu pour elles, pour leur histoire. Pour son histoire superbement diffractée sur scène, superbement interprétée.

    Tendresse particulière pour la femme au banc et la fille aux rubans. Deux facettes d'une même ténacité. D'une hauteur d'âme qui ne veut rien lâcher.

    camille-300.jpgLa folle sait. Comme tous les fous. Déchirante, vibrante, ironique même, la folle connaît la fin de l’histoire : la belle n'ira pas danser, la bête l'aura dévorée après l'avoir possédée. On n’oubliera pas de sitôt son regard sur nous posé. La belle pressent, comme toutes les belles, le danger. Infernal dilemme entre passion et raison. La femme mûre, trahie, abandonnée, en est dévastée…

    Le destin est en marche, rien ne peut l’arrêter. Même si, un temps, (miracle de la mise en scène de Marie Montegani), l’union entre les trois Camille (Clémentine Yelnik, Nathalie Boutefeu, Vanessa Fonte) semble se sceller.

    Beauté du théâtre qui nous donne un espace où rêver à d’autres routes, d’autres sentiers que l’autoroute annoncée. Au seuil de la mort, la folle crie à la belle de s'éloigner du vautour. Mais écoute-t-on jamais celle qui sait ?

    Comment prévenir ? Comment dire ? Qui, au creux de nous, peut entendre le message caché ?

    Au-delà du cas « Camille Claudel » ces questions-là sont nôtres à jamais.

    Merci mesdames de nous les mettre sous le nez. Merci pour la grâce et la passion de votre interprétation. Je suis sûre qu’Elle aurait aimé.

    Camille Arman ce 12 /10 /2014

  • Théâtrorama conseille vivement d'aller voir la pièce de Sophie Jabès (15.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-19 à 23.06.24.pngCamille, Camille, Camille

    Dany Toubiana octobre 15, 2014 0

    Camille Claudel, pour exister tout simplement… « Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar. » Ainsi s’exprimait Camille Claudel une dizaine d’années avant sa mort en 1943, alors qu’elle était internée au centre médical de Montfavet, dans le Vaucluse.

    camille-300.jpgNée en 1864 et sculptrice de génie, elle devient l’élève de Rodin, puis son égérie durant de nombreuses années. Être artiste indépendante à cette époque relevait d’une certaine détermination dont Camille ne manquait pas. Après l’abandon de Rodin, le manque de commandes et l’isolement la condamnent au désespoir et à la misère. Internée par sa famille pendant trente ans, elle fut inhumée dans le carré N° 10, celui que l’on appelait ” le carré des fous”.

    La pièce de Sophie Jabès “Camille, Camille, Camille” commence par un monologue de Camille au seuil de sa mort. En écho à ce choix dramaturgique, Marie Montegani décline la vie de Camille en trois temps et construit sa mise en scène autour d’un espace découpé également en trois. Trois visages, trois corps, trois comédiennes et Camille réduite à son seul prénom, laissant le nom de Claudel désigner l’autre, l’écrivain célèbre et l’ambassadeur de renom.

    Camille en trois temps…
    Dans un décor de bois aux tons grisâtres, Camille, figée sur un banc, au centre, à un mètre du public, à la veille de sa mort, ne sculpte plus que dans sa tête. Les doigts engourdis, elle vocifère encore contre l’abandon de Rodin, apostrophe son écrivain de frère pour son indifférence et attend désespérément la venue de sa mère qui, depuis trente ans, ne lui a jamais rendu visite dans son lieu d’internement à Montdevergues. Crispée dans sa souffrance, l’énergie réfugiée dans son seul regard, Clémetine Yelnick – qui a fait longtemps partie des plus grandes distributions d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil – donne corps avec sa voix gutturale, à cette Camille en fin de vie.

    À l’autre extrémité, Camille, dans sa splendeur, l’élève de Rodin, celle qui part à la conquête du monde et à qui Vanessa Fonte prête son regard lumineux, sa jeunesse et sa fougue. Entre les deux, Nathalie Boutefeu qui campe une Camille incertaine, fragile dont la vie bascule irrémédiablement vers le chaos et qui brise ses œuvres. Trio de femmes qui se défient, se rejettent et finissent par se reconnaître.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegDans ce corps à corps apparaissent d’autres forces en présence, les forces antagonistes d’une société qui met les femmes sous tutelle et les empêche d’exister par elles-mêmes. Le texte prend le parti de faire exister Camille uniquement dans ce dénuement. L’œuvre vit encore au plus profond d’elle-même, comme détachée de la créatrice réduite à ses seules obsessions et à ce cri ultime de défi. En creux apparaissent les visages de la famille, l’injustice criante d’une société qui a refusé à l’artiste d’être reconnue par son travail.

    En 2014, à l’exception de la création lumière et des images filmées (Nicolas Simonin et Christophe Cordier), une réunion de femmes, des comédiennes à l’auteure et à la metteure en scène en passant par la scénographe et la créatrice sonore, répare cette iniquité. Comme pour établir une passerelle et permettre à Camille Claudel de reprendre la place qui lui revient à la fois comme artiste et comme femme, parmi les humains tout simplement.

  • Le SNES-FSU affirme qu'on ne peut rêver plus bel hommage à Camille Claudel que la pièce de Sophie Jabès (14.10.14)

    camille-300.jpg« Camille, Camille, Camille »

    Jusqu’au 22 novembre au Théâtre du Lucernaire 

    Capture d’écran 2014-10-19 à 23.03.56.pngLa pièce écrite par Sophie Jabès met en scène trois âges de la vie de Camille Claudel. Quand elle commence, Camille au seuil de sa mort, est assise sur un banc à l’asile de Mauvergues,

    où cela fait plus de trente ans qu’elle est internée. Elle parle de sa vie, de tous ceux qui ne l’ont pas assez aimée, Rodin qui l’a abandonnée, sa mère qui ne lui écrit pas, son frère dont les visites sont si rares. Dans un second temps ce sera Camille à la veille de son internement, quelques jours après la mort de son père qui l’avait toujours soutenue. Elle maudit Rodin qui l’a abandonnée, veut détruire « tous ses enfants » avant de partir et sombre peu à peu dans la folie. Dans le troisième tableau, c’est la Camille jeune, fougueuse, déterminée, follement amoureuse de Rodin et sûre de son talent qui occupe la scène. Enfin les trois femmes vont se rejoindre, se reconnaître et marcher vers leur destin.

    Sur la scène, Marie Montegani, la metteure en scène a délimité trois espaces où se placent chacune des trois Camille. Elles sont toujours là, mais chacune baisse la tête, se fait invisible quand une autre prend la parole, jusqu’à la scène finale où les trois se rejoignent et se parlent comme dans la sculpture des Causeuses. En fond de scène des projections laissent apparaître un étrange enfant messager de la mort qui fait songer à Petite châtelaine et des fragments de sculptures de Camille Claudel qui ont survécu à sa folie destructrice. La musique rappelle les inspirations de l’époque, Debussy, le Japon.

    Vanessa Fonte est la jeune Camille, impatiente, fiévreuse, qui affirme son désir d’être libre, aimée et célèbre. Elle est superbe. Nathalie Boutefeu incarne la Camille pleine de révolte, que son amour-haine pour Rodin, la solitude et l’absence d’amour et de reconnaissance sont en train de conduire à la folie. Clémentine Yelnick est touchante en Camille vieille, internée, solitaire et dévastée par le manque d’amour.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegOn ne peut rêver plus bel hommage à cette artiste d’exception que fut Camille Claudel, un écho à la vie de celle qui écrivit : « Ma vie est un roman, même une épopée. Je suis tombée dans le gouffre. Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar ».

    Micheline Rousselet

    Du mardi au samedi à 18h30

    Théâtre du Lucernaire

    53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

    Réduc’SNES sur réservation : 01 45 44 57 34

  • Le très exigeant site Médiapart a repéré la pièce "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (13.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-19 à 23.04.40.pngThéâtre/Critique. « Camille, Camille, Camille » Une Pièce bouleversante de Sophie Jabès au Lucernaire

    13 octobre 2014 |  Par Dashiell Donello

    Quand Camille Claudel devient le sujet de son oeuvre

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegCamille, Camille, Camille, de Sophie Jabès nous conte par trois fois, le rêve de vie de Camille Claudel devenu un impossible cauchemar qui finira dans le carré des fous. Camille moribonde à l’écoute des voix du passé, Camille aux portes de l’internement et Camille élève surdouée du sculpteur Auguste Rodin.

    La scénographie (Élodie Monet) évoque trois époques de la vie de Camille Claudel. La chambre d’hôpital où elle est internée, l’isolement figuré par un sol en bois sorte d’île de la solitude, et les accessoires de son ordinaire de vie que l’on retrouve dans ses sculptures. 

    « J’ai voulu que renaisse sur scène celle que l’on a cherché à museler, celle qui réclamait "la liberté à grand cri", liberté de créer, de sculpter, d’exister et poser la question de la place de l’artiste femme dans la société, aujourd’hui. La musique et l’univers sonore évoquent les tourments et névroses de Camille Claudel : miroir de toutes ses passions et inspirations : l'amour pour Rodin, l'amitié et la complicité artistique avec Claude Debussy, le Japon… »  Nous dit Marie Montegani dans ces notes d’intention de mise en scène. 

     

    L’idée centrale de la mise en scène fait sens en liant la vie et l’oeuvre de Camille Claudel. C’est une belle réussite ; tout comme l’intelligence du monologue à trois voix qui devient Les causeuses, mais aussi La Vague qui l’emportera, la voix intérieure de  La petite châtelaine, Clotho  symbole du temps de sa vie ; mais aussi Le cri d’Edvar Munch masque d’effroi et de souffrance de Camille. Les comédiennes Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, et Geneviève Dang, sont impeccablement dirigées par Marie Montegani dans cette pièce qui nous a bouleversés. 

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  • Bruno Fougniès a adoré "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès, il en parle sur le site Reg'Arts (11 octobre 2014)

    Capture d’écran 2014-12-01 à 15.07.17.png

    Site regarts.org http://www.regarts.org/Theatre/camille.htm

    Il s'agit de Camille Claudel, sculptrice, frère du Paul auteur, élève et amante de Rodin, qui délaissée de tous, finira par être internée trente ans en HP par décision de son frère et de sa mère. Elle y mourra pour finir en fosse commune.

    Une histoire tragique dans le sens grec du terme, une malédiction divine, une conjuration pour faire échouer le destin de cette femme que la postérité reconnaîtra comme artiste exceptionnelle. Une artiste maudite.

    L'ombre d'Auguste Rodin, l'ombre de Paul Claudel, voilà une partie des forces qui l'on empêchée de faire éclater son talent.

    Mais ce spectacle n'est pas une biographie. Il tente au contraire d'approcher au plus près le cœur et l'âme de Camille Claudel, sa vitalité créatrice, son souffle.

    Le texte de Sophie Jabès pose devant nous trois moments cruciaux de la vie de Camille Claudel : le soir où elle va donner ses lèvres et son génie à Rodin, le soir où elle va être bâillonnée par l'internement chez les fous et le soir de son dernier souffle. Chacun est le moment d'un choix déterminant incarné par les trois comédiennes. Elles sont là, en permanence, sur le plateau.

    Ces trois incarnations, prises à trois époques différentes de l'artiste, vont alterner leurs mises en jeu pour finir par dialoguer entre elles. Magie du théâtre.

    On sent très bien cette envie de créer une quatrième incarnation à travers ces trois voix, ces trois corps. Faire agir l'alchimie qui fera apparaître devant nous l'incandescence de Camille, le feu créatif, brûlant, voluptueux qui l'a propulsée sur l'arête qui sépare la raison de la folie, l'écorchant à vif au passage.

    La pertinence du texte de Sophie Jabès ainsi que de la direction d'actrices de Marie Montegani est de donner à chacun des âges de Camille une personnalité, un rythme, un ton très tranchés. Mais cette pertinence est aussi le banc de sable qui menace de l'envasement. Chacune des incarnations, réellement bien interprétées par des comédiennes de talent, est comme une fusée solitaire dans un ciel plombé. L'amalgame ne se fait pas. Pourtant on le sent tout prêt à nous emporter dans l'exaltation de ce personnage. On attend d'être emporté. On reste suspendu sur le vide.

    Il aurait été sans doute plus facile de chercher cette unification dans le langage de chacune, mais comment rendre sensible une âme écartelée entre l'aspiration à la création, le désir de vivre et d'exulter, et la douleur de l'abandon par les siens ?

    Les déchirements à l'intérieur même de cette personnalité, sa solitude extrême, sa folie visionnaire même est parfaitement rendue par ce spectacle. Il tente de pénétrer la pensée de Camille au plus profond, de nous faire partager son monologue intérieur, de l'aider à exprimer ce monologue. C'est un accouchement. L'accouchement de Camille Claudel par elle-même. 

    Alors, on comprend qu'au-delà de ce destin particulier, il importe peu qu'elle soit la sœur du poète panthéonisé, ou la maîtresse du sculpteur déifié, l'important est ce destin de femme artiste, aux prises avec une société verrouillée par l'autorité masculine. Entendre enfin que le génie dans cette société ne peut être que mâle ou anéanti par tous les moyens.

    Il suffira de rien pour que cette pièce soit merveilleuse, si l'alchimie soudain emporte les trois interprètes dans la même folie.

    Parce qu'avec trois comédiennes magnifiques, au talent certain, aux personnalités éclatantes, avec une mise en scène pensée,  respectueuse, avec un décor et une scénographie qui fonctionnent, il n'y a aucune raison pour que le radeau sur lequel elles tanguent ne s'envole pas et nous emporte avec.

     

    Bruno Fougniès

     

    Camille, Camille, Camille

    De Sophie Jabès
    Adaptation et mise en scène : Marie Montegani
    Scénographie : Élodie Monet
    Images : Christophe Cordier

    Avec : Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnick