stat

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Guilaine Depis - Page 20

  • Audrey Natalizi donne son sentiment suit la pièce de Sophie Jabès dans "Mes illusions comiques.com" (23 octobre 2014)

    "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès / Marie Montegani / Théâtre du Lucernaire

    Capture d’écran 2014-12-01 à 15.03.41.pngC'est une plongée au cœur dans l'âme de Camille Claudel que nous proposent Sophie Jabès (pour le texte) et Marie Montegani (adaptation et mise en scène) au Lucernaire. Loin de se limiter à ce que l'on connait de la biographie de la sculptrice, les deux femmes nous livrent ses pensées les plus profondes dans un spectacle poignant intitulé Camille, Camille, Camille.

    Capture d’écran 2014-12-01 à 15.03.32.pngLes trois Camille du titre ne sont bien sûr qu'une seule et même personne, représentée aux trois âgés de sa vie, par trois comédiennes différentes présentes sur scène simultanément. Il y a d'abord Camille au seuil de sa mort (Clémentine Yelnik), vieillarde enfermée depuis trente ans. On la dit folle ? Ses souvenirs semblent de prime abord clairs. Il y ensuite Camille la quadragénaire (Nathalie Boutefeu), sur le point d'être internée. Une femme pleine d'amertume contre celui qui l'a laissée, Rodin. Un fiel qui la ronge, la pousse à détruire ses oeuvres, la fait sombrer. Et puis il y a Camille la pétillante, pleine de vie et de jeunesse (Vanessa Fonte), magnifique, sur le point de succomber aux avances de son maître. Trois instants clefs de la vie d'une femme. Trois instants qui nous font ressentir tous ses doutes, ses douleurs, ses questionnements intérieurs sur la difficile articulation entre sa passion pour la sculpture, son amour pour Rodin et le jugement de sa famille.

    Capture d’écran 2014-12-01 à 15.01.39.pngDans une demi-obscurité, les monologues se succèdent avant que les trois Camille ne dialoguent par delà le temps, par delà la raison, comme une expression de la schizophrénie du personnage. "Si jeunesse savait ..." dit l'adage. Alors Camille la vieillarde va tenter de mettre en garde la bouillonnante jeune fille : ne pas succomber à Rodin, fuir loin pour rester soi-même, ne pas se perdre, ne pas se faire voler son œuvre. Mais la vieillarde n'est pas dupe :  "je sais qu'on ne remonte pas le temps" conclut-elle, attendant la mort comme une délivrance.

    Capture d’écran 2014-12-01 à 15.01.26.pngDistribution parfaite : chacune des trois comédiennes se fond dans la peau du personnage à des âges différents. A fleur de peau, chacune à leur manière, elles insufflent la folie, la passion à ce texte déjà criant de douleur. Une introspection particulièrement réussie et un spectacle que l'on n'hésite pas à vous recommander.

    Camille, Camille, Camille de Sophie Jabès, adaptation scénique et mise en scène Marie Montegani. Avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik. Au Théâtre du Lucernaire, du mardi au samedi à 18h30, jusqu'au 22 novembre 2014 (relâche le 28 octobre). Durée : 1h.

     

  • Rue du Théâtre a entendu le "CRI ÉTOUFFÉ" de Camille Claudel dans la pièce de Sophie Jabès (22.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-23 à 15.36.58.pngCri étouffé

    Par Cécile STROUK

    Publié le 17 octobre 2014

    'Camille, Camille, Camille', c'est le portrait de Camille Claudel à travers trois générations d'elle-même. L'histoire d'une vie, reconstituée par l'auteur Sophie Jabès, qui donne une belle cohérence au discours digressif de la sculptrice maudite.

    Si Camille Claudel voyait à quel point elle est présente sur les planches et sur les écrans, cela l'aiderait sans doute à se réconcilier avec le "cauchemar" que fut sa vie. Alors, bien sûr, il n'y a pas de Camille sans Rodin, son mentor, ce monstre de luxure, cet amant de 24 ans son aîné, mais cette relation - à force - n'est devenue plus qu'un prétexte à des écrits épistolaires tendus et denses. Celle qu'on a cherché à museler a, malgré tout, clamé sa "liberté à grand cri", jusqu'au bout. Et Dieu sait que sa vie fut longue : environ 80 ans, dont 30 ans en hôpital psychiatrique.

    camille-300.jpgC'est justement par la fin que l'auteure, Sophie Jabès, décide de commencer. La pièce s'ouvre sur une vieille femme assise en avant-scène sur un banc, recroquevillée, voix rocailleuse et traînante, visage émacié par le clair-obscur de la salle. Elle s'adresse à nous, avec une colère contenue. Ce qu'elle nous raconte, ce n'est pas une histoire, mais une suite de digressions. Clémentine Yelnik, dans ce rôle de Camille internée, réussit à transmettre la force tremblante dont elle imprègne son discours.

    Après une dizaine de minutes d'une intervention qui emporte le spectacteur déjà loin dans cette vie décousue, la voix et le corps retombent, tel un automate qui aurait arrêté de fonctionner. Un deuxième tableau nait alors des ténèbres de la scène. Celui d'une femme plus jeune, d'une quarantaine d'année, agitée. Elle peste contre sa soeur Louise, son frère Paul, sa mère. Seul son père, son gentil père, est épargné. Lors de ses logorrhées, elle lance des draps blancs, les mets en boule, se déplace d'une direction à une autre, vêtue d'une longue robe informe qui vient souligner cette perdition aux airs de tragédie grecque. Dans ce rôle, Nathalie Boutefeu exacerbe le côté hagard d'une Camille déjà statufiée par la vie.

     

    Puis, prend forme le troisième et dernier tableau, plus lumineux. La voix d'une jeune fille émerge, la vingtaine, belle, vive, ambitieuse, avec déjà quelque chose de démesuré dans son regard. Entourée par une table et de la matière à sculpter, les cheveux ébouriffés, elle vient de rentrer dans l'atelier de Rodin et nourrit l'espoir fou de devenir sa muse pour se rapprocher au plus près de son génie. Cette énergie prête à imploser est très bien exprimée par Vanessa Fonte qui utilise une voix affirmée et une gestuelle tour à tour gracieuse et précipitée.

    Trois voix, trois portraits, trois Camille. Une femme. La pièce donne à voir son évolution à travers les décennies, de sa rencontre avec Rodin, à son enfermement jusqu'à sa mort. Une mort qu'elle reçoit avec joie, la délivrant de la solitude et de l'isolement.

    La noirceur est omniprésente dans cette mise en scène qui opte pour des résonances entêtantes, un éclairage et des costumes sombres. Camille jeune a beau avoir senti le danger d'une liaison avec Rodin, elle la consommera jusqu'à s'en consumer ; Camille quarantenaire a beau se battre contre ceux qui veulent l'enfermer, criant à son génie rédempteur, elle sera quand même capturée. Et ce, malgré les conseils de la vieille femme qui, à un moment de la pièce, rejoint ces deux parcelles d'elle-même pour les prévenir du danger imminent qu'elles courent.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegMais ni l'une ni l'autre n'est capable d'entendre ces paroles sages, car chez Camille, c'est la raison qui est menaçante. Pas la passion. Alors, quand cette autre jeune femme apparaît tel un spectre sur l'écran placé en arrière scène leur annoncer des malheurs, elles la voient d'un mauvais oeil.

    Camille ne veut pas du malheur extérieur. Elle a déjà le sien, qu'elle s'est construit de longues années autour de toutes sortes de fantasmes, projections, frustrations et envies. C'est cette vie mentale, sans laquelle Camille n'aurait pu tenir aussi longtemps, qui est montrée ici.

  • Télérama Sortir a aimé "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (21.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-21 à 18.54.53.png21 octobre 2014

    Trois représentations de Camille Claudel, jouées par trois comédiennes, animent la scène : la jeune étudiante en art dont le maître est Rodin ; l'artiste mûre que Rodin spolie et abandonne ; la vieille femme, enfermée à l'asile de Montdevergues qui attend la mort dans le désespoir. Si le texte de Sophie Jabès a le mérite de nous rappeler le génie et la tragédie de cette artiste délaissée de tous, si la présence de trois artistes de voix et d'âges différents forment un chœur parfois émouvant, le jeu souvent en force de Nathalie Boutefeu et de Vanessa Fonte transforment la folie, qui s'empare du personnage, en énergie sans nuances. Seule Clémentine Yelnik trouve la vérité d'une vie intérieure confuse traversée par les voix du passé.

    Sylviane Bernard-Gresh

    camille-300.jpg

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpeg

  • La Voix des sans Voix a aimé "Camille, Camille, Camille" de Sophie Jabès (12.10.14)

    « Camille, Camille, Camille »

    Texte de SOPHIE JABÈS

    Capture d’écran 2014-10-19 à 22.52.31.png

    Une vieille femme sur un banc, Belle, terrifiante. Elle nous regarde, nous fixe de ses yeux qui ont tout vu. Tout compris. Au-delà des frontières de la raison.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpeg

    Une autre, la statuaire dévastée. Dispersée près d'une valise. Ecartelée entre la vie et la vie. Entre la haine, la peur et l'oubli.

    Une troisième, jeunesse allongée, dos nu gracieux, triangle de soie offert... à qui ?

    A celui qui vient. Celui dont on ne cesse de parler. Présence, absence qui plombe. Au nom sans cesse prononcé. Cet homme-là n'a pas de prénom, c'est un artiste : « Rodin ». Deux syllabes modulées entre désir, désespoir et rejet. C'est par lui qu'elles existent. C'est pour lui qu'elle s'est enchainée. Pour lui ou pour l'art. Mais n'est-ce pas là le revers d'une même histoire ? Si et on le sait d'avance. Puisqu'on est venu pour Elle. Puisqu'on est venu pour elles, pour leur histoire. Pour son histoire superbement diffractée sur scène, superbement interprétée.

    Tendresse particulière pour la femme au banc et la fille aux rubans. Deux facettes d'une même ténacité. D'une hauteur d'âme qui ne veut rien lâcher.

    camille-300.jpgLa folle sait. Comme tous les fous. Déchirante, vibrante, ironique même, la folle connaît la fin de l’histoire : la belle n'ira pas danser, la bête l'aura dévorée après l'avoir possédée. On n’oubliera pas de sitôt son regard sur nous posé. La belle pressent, comme toutes les belles, le danger. Infernal dilemme entre passion et raison. La femme mûre, trahie, abandonnée, en est dévastée…

    Le destin est en marche, rien ne peut l’arrêter. Même si, un temps, (miracle de la mise en scène de Marie Montegani), l’union entre les trois Camille (Clémentine Yelnik, Nathalie Boutefeu, Vanessa Fonte) semble se sceller.

    Beauté du théâtre qui nous donne un espace où rêver à d’autres routes, d’autres sentiers que l’autoroute annoncée. Au seuil de la mort, la folle crie à la belle de s'éloigner du vautour. Mais écoute-t-on jamais celle qui sait ?

    Comment prévenir ? Comment dire ? Qui, au creux de nous, peut entendre le message caché ?

    Au-delà du cas « Camille Claudel » ces questions-là sont nôtres à jamais.

    Merci mesdames de nous les mettre sous le nez. Merci pour la grâce et la passion de votre interprétation. Je suis sûre qu’Elle aurait aimé.

    Camille Arman ce 12 /10 /2014

  • Théâtrorama conseille vivement d'aller voir la pièce de Sophie Jabès (15.10.14)

    Capture d’écran 2014-10-19 à 23.06.24.pngCamille, Camille, Camille

    Dany Toubiana octobre 15, 2014 0

    Camille Claudel, pour exister tout simplement… « Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar. » Ainsi s’exprimait Camille Claudel une dizaine d’années avant sa mort en 1943, alors qu’elle était internée au centre médical de Montfavet, dans le Vaucluse.

    camille-300.jpgNée en 1864 et sculptrice de génie, elle devient l’élève de Rodin, puis son égérie durant de nombreuses années. Être artiste indépendante à cette époque relevait d’une certaine détermination dont Camille ne manquait pas. Après l’abandon de Rodin, le manque de commandes et l’isolement la condamnent au désespoir et à la misère. Internée par sa famille pendant trente ans, elle fut inhumée dans le carré N° 10, celui que l’on appelait ” le carré des fous”.

    La pièce de Sophie Jabès “Camille, Camille, Camille” commence par un monologue de Camille au seuil de sa mort. En écho à ce choix dramaturgique, Marie Montegani décline la vie de Camille en trois temps et construit sa mise en scène autour d’un espace découpé également en trois. Trois visages, trois corps, trois comédiennes et Camille réduite à son seul prénom, laissant le nom de Claudel désigner l’autre, l’écrivain célèbre et l’ambassadeur de renom.

    Camille en trois temps…
    Dans un décor de bois aux tons grisâtres, Camille, figée sur un banc, au centre, à un mètre du public, à la veille de sa mort, ne sculpte plus que dans sa tête. Les doigts engourdis, elle vocifère encore contre l’abandon de Rodin, apostrophe son écrivain de frère pour son indifférence et attend désespérément la venue de sa mère qui, depuis trente ans, ne lui a jamais rendu visite dans son lieu d’internement à Montdevergues. Crispée dans sa souffrance, l’énergie réfugiée dans son seul regard, Clémetine Yelnick – qui a fait longtemps partie des plus grandes distributions d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil – donne corps avec sa voix gutturale, à cette Camille en fin de vie.

    À l’autre extrémité, Camille, dans sa splendeur, l’élève de Rodin, celle qui part à la conquête du monde et à qui Vanessa Fonte prête son regard lumineux, sa jeunesse et sa fougue. Entre les deux, Nathalie Boutefeu qui campe une Camille incertaine, fragile dont la vie bascule irrémédiablement vers le chaos et qui brise ses œuvres. Trio de femmes qui se défient, se rejettent et finissent par se reconnaître.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegDans ce corps à corps apparaissent d’autres forces en présence, les forces antagonistes d’une société qui met les femmes sous tutelle et les empêche d’exister par elles-mêmes. Le texte prend le parti de faire exister Camille uniquement dans ce dénuement. L’œuvre vit encore au plus profond d’elle-même, comme détachée de la créatrice réduite à ses seules obsessions et à ce cri ultime de défi. En creux apparaissent les visages de la famille, l’injustice criante d’une société qui a refusé à l’artiste d’être reconnue par son travail.

    En 2014, à l’exception de la création lumière et des images filmées (Nicolas Simonin et Christophe Cordier), une réunion de femmes, des comédiennes à l’auteure et à la metteure en scène en passant par la scénographe et la créatrice sonore, répare cette iniquité. Comme pour établir une passerelle et permettre à Camille Claudel de reprendre la place qui lui revient à la fois comme artiste et comme femme, parmi les humains tout simplement.

  • Le SNES-FSU affirme qu'on ne peut rêver plus bel hommage à Camille Claudel que la pièce de Sophie Jabès (14.10.14)

    camille-300.jpg« Camille, Camille, Camille »

    Jusqu’au 22 novembre au Théâtre du Lucernaire 

    Capture d’écran 2014-10-19 à 23.03.56.pngLa pièce écrite par Sophie Jabès met en scène trois âges de la vie de Camille Claudel. Quand elle commence, Camille au seuil de sa mort, est assise sur un banc à l’asile de Mauvergues,

    où cela fait plus de trente ans qu’elle est internée. Elle parle de sa vie, de tous ceux qui ne l’ont pas assez aimée, Rodin qui l’a abandonnée, sa mère qui ne lui écrit pas, son frère dont les visites sont si rares. Dans un second temps ce sera Camille à la veille de son internement, quelques jours après la mort de son père qui l’avait toujours soutenue. Elle maudit Rodin qui l’a abandonnée, veut détruire « tous ses enfants » avant de partir et sombre peu à peu dans la folie. Dans le troisième tableau, c’est la Camille jeune, fougueuse, déterminée, follement amoureuse de Rodin et sûre de son talent qui occupe la scène. Enfin les trois femmes vont se rejoindre, se reconnaître et marcher vers leur destin.

    Sur la scène, Marie Montegani, la metteure en scène a délimité trois espaces où se placent chacune des trois Camille. Elles sont toujours là, mais chacune baisse la tête, se fait invisible quand une autre prend la parole, jusqu’à la scène finale où les trois se rejoignent et se parlent comme dans la sculpture des Causeuses. En fond de scène des projections laissent apparaître un étrange enfant messager de la mort qui fait songer à Petite châtelaine et des fragments de sculptures de Camille Claudel qui ont survécu à sa folie destructrice. La musique rappelle les inspirations de l’époque, Debussy, le Japon.

    Vanessa Fonte est la jeune Camille, impatiente, fiévreuse, qui affirme son désir d’être libre, aimée et célèbre. Elle est superbe. Nathalie Boutefeu incarne la Camille pleine de révolte, que son amour-haine pour Rodin, la solitude et l’absence d’amour et de reconnaissance sont en train de conduire à la folie. Clémentine Yelnick est touchante en Camille vieille, internée, solitaire et dévastée par le manque d’amour.

    vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegOn ne peut rêver plus bel hommage à cette artiste d’exception que fut Camille Claudel, un écho à la vie de celle qui écrivit : « Ma vie est un roman, même une épopée. Je suis tombée dans le gouffre. Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar ».

    Micheline Rousselet

    Du mardi au samedi à 18h30

    Théâtre du Lucernaire

    53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

    Réduc’SNES sur réservation : 01 45 44 57 34