Pampoune - Lectures par Ségolène Bonura
Une enfance entre Guerre et Paix de Richard Sartène
Dans son livre, rayonnant de sérénité rustique, mais aussi poignant par les circonstances dans lesquelles se situe cette saga, le docteur Richard Sartène relate ce que fut son exode à lui, quand il avait le cœur en culotte courte et que la France vivait à l’heure allemande.Il dépeint le monde rural dans un village de la Bretagne, avant la désertification des campagnes. Les portraits des habitants ruissèlent d’authenticité, et Conquereuil, avec « un bar, un restaurant, une salle des fêtes et, à l’extérieur, une cour triangulaire plantée d’un tilleul qui lui donnait un air de cour d’école », devient, au fil de la lecture, une enclave familière où rien de grave ne pouvait se passer pour le jeune Richard.Mais il y a un envers du décor beaucoup plus poignant. Celui d’un enfant, issu d’une famille traditionnelle d’immigrés des pays d’Europe centrale qui, pour des raisons que l’on imagine aisément, a été séparé de ses parents et placé dans une famille d’accueil.Caché, protégé, le futur médecin, dans un style coloré, raconte son retour à Paris, auprès de sa famille qu’il retrouve, sa Libération et son itinéraire scolaire au lycée Buffon.
Pendant la guerre, Richard est envoyé avec son jeune frère dans un village breton par leurs parents. Paris est en effet dangereuse et il faut protéger les enfants. Puis, après la guerre, c'est le temps de la réhabilitation et d'une nouvelle vie avec la nouveauté...
Je remercie tout d'abord Guilaine Depis et les éditions du net grâce à qui j'ai pu découvrir ce nouveau témoignage d'une vie pendant la dernière guerre mondiale.
En 1942, il ne fait pas bon être à juif à Paris. Pour protéger leurs enfants, les parents de Richard les conduisent lui et son jeune frère dans un petit village breton le temps que la guerre cesse. Alors qu'à Paris l'horreur sévit, le jeune garçon découvre alors la vie à la campagne entre l'école et les travaux de la ferme.
Et puis, une fois la guerre finie, c'est le retour à Paris que les enfants devront vivre avec la modernité et la réhabilitation de tout un peuple chassé pendant la guerre. La grandeur du cinéma, le droit de vote pour les femmes ou encore la naturalisation des noms... voilà ce que sera désormais le quotidien de la famille de l'auteur.
Comme le dit lui-même l'auteur au début de son livre, des témoignages d'enfance pendant la guerre, il y en a. Il y en a même beaucoup. Pourtant, ici, ce n'est pas un récit malheureux que l'auteur nous propose. La séparation d'avec les parents sera certes difficile mais c'est surtout le récit d'une vie à la campagne que l'on découvre ici.
Du coup, plus qu'un récit au coeur de la guerre, c'est un récit qui témoigne d'une autre époque dans le sens d'une vie avec d'autres moeurs et d'autres activités que celles que l'auteur retrouvera plus tard à Paris.
L'auteur rend parfaitement compte de son enfance. On pleure parfois mais souvent on retrouve une âme d'enfant avec la joie de la découverte de chaque instant. C'est donc avec une écriture très forte et très belle que Richard Sartène nous raconte chaque moment mais sans jamais plonger dans le larmoiement. Au contraire, c'est toujours une bonne humeur communicative qui ressort des pages et, il faut le dire, cela fait du bien de lire ce genre de témoignage.
Et puis, ce livre est un livre qui se lit en un rien de temps. Très court, il est de plus impossible de lâcher ce témoignage à partir de l'instant où on le commence. On se retrouve alors plongé dans l'histoire de l'auteur et on prend plaisir à découvrir une foule d'événements qui forment une enfance.
En bref, voici un livre avec lequel j'ai passé un très bon moment et que je vous engage à lire pour découvrir que, durant la guerre, la peur et la souffrance firent parfois place à de vrais moments de bonheur simple.